Page:Lamartine - Le tailleur de pierres de Saint-Point, ed Lecou, Furne, Pagnerre, 1851.djvu/306

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

madou s’allumera, il communiquera lentement le feu à la mèche ; tu auras le temps, sans te presser, de remonter jusqu’aux Huttes, tu prendras un verre pour boire à la santé des parents en embrasant Denise, et le coup partira. C’était mon idée, monsieur.

VII.

Cela fait, je descendis, tout courant, au village de Saint-Point pour acheter six bouteilles de vin blanc, afin de faire boire le lendemain à la noce. Je m’amusai un peu avec l’un, avec l’autre, avec le cabaretier, avec le sonneur, avec le curé et sa servante. Chacun m’arrêtait, me faisant compliment sur le bonheur que j’avais d’épouser une si brave et une si belle veuve ; car elle était bien aimée et connue, quoiqu’on ne la vît que par hasard à l’église, aux grandes fêtes, et jamais aux danses. On l’appelait, comme je vous ai dit, la sauvage des Huttes ; mais on ne l’estimait que plus. On m’offrait un verre de vin partout, je ne pouvais pas refuser sans être malhonnête ; je bus quelques coups de trop. La preuve, c’est que moi, qui ne faisais que siffler en