Page:Lamartine - Le tailleur de pierres de Saint-Point, ed Lecou, Furne, Pagnerre, 1851.djvu/311

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X.

Je vis que le pauvre homme ne pouvait plus poursuivre. J’eus compassion de son déchirement. Je me hâtai de l’entraîner vers un autre site et de détourner sa pensée de cet horrible dénouement de son amour, remettant à un autre jour les détails de l’événement dont on s’entretenait encore dans toutes nos montagnes. Il me comprit, il se leva tremblant, pleurant et priant. C’était la volonté de Dieu, monsieur. Il s’inclina comme sous la main divine qu’il aurait sentie sur sa tête.

Nous reprîmes tous deux en silence le chemin de la vallée. En passant au bord de la carrière abandonnée, il détourna la tête. J’aperçus une croix de pierre contre un vieux tronc de sapin que je n’avais pas encore remarqué, au-dessus d’un large éboulement. C’était sans doute la place où il avait vu, après l’explosion, Denise soulevée vers le ciel comme une sainte au-dessus du nuage.

Il m’accompagna cette fois jusqu’au bord des prés. Je semblais lui être devenu plus cher depuis que j’avais pleuré Denise avec lui.