Page:Lamartine - Le tailleur de pierres de Saint-Point, ed Lecou, Furne, Pagnerre, 1851.djvu/55

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pas, et par quelques fougères dont une ou deux feuilles avaient été récemment brisées par la corne des chevreaux, me guida au revers d’un mamelon entouré de pierres grises, à une centaine de pas environ par-dessus la cascade. Un énorme bloc de rocher, semblable à celui qui portait l’ancienne maison, sortait de terre comme une tour de géant au milieu de ce mamelon. Une herbe fine comme le velours de soie verte croissait alentour. Je fis lentement le tour de ce rocher, dont le sommet me paraissait inabordable sans échelle ; puis je trouvai une espèce de cassure entre ses parois, et des degrés naturels et inégaux qui en facilitaient l’accès. Je les gravis pour découvrir de plus haut tout ce qui pouvait habiter ces sommets et ces gorges, où la terre, la pierre et l’eau semblent vouloir se dérober sous les plis multipliés du sol. Parvenu au sommet, une pente douce me conduisit, du côte du midi, au pied de ce rocher que je croyais de toutes parts inaccessible. Il était de niveau, de ce côté, avec une petite enceinte de pelouse fleurie, toute murée de roches moussues entassées les unes sur les autres, comme un pan de jardin préservé par le hasard dans l’écroulement d’un vieil édifice. En mettant le pied