Page:Lamartine - Le tailleur de pierres de Saint-Point, ed Lecou, Furne, Pagnerre, 1851.djvu/56

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sur cette pelouse et en la parcourant d’un regard, j’aperçus tout ce que je cherchais.

IX

La pelouse avait la pente d’un toit de chaume pour laisser glisser les neiges d’hiver et écouler les eaux de la pluie ; le soleil de midi, qui regardait en plein, réverbéré encore par les prismes sablonneux des roches granitiques dont elle était comme murée partout, y répandait des rayonnements et des tiédeurs rares à de si grandes hauteurs au-dessus des vallées. On y respirait le printemps. Une nuée d’insectes y flottaient et y bourdonnaient dans les rayons, qu’ils rendaient, pour ainsi dire, palpables. On sentait que d’autres hôtes encore que l’homme avaient découvert cet abri. Les plantes aussi y pullulaient au pied des roches : les œillets rouges y prenaient racine et y flottaient, comme des cerises entrouvertes par le bec des oiseaux, sur les mousses du mur. Les églantiers en tapissaient l’enceinte à profusion leurs jets, allongés et flexibles, y lançaient des milliers de paraboles végétales, à