Page:Lamartine - Le tailleur de pierres de Saint-Point, ed Lecou, Furne, Pagnerre, 1851.djvu/57

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l’extrémité desquelles s’ouvrait une étoile de roses à cinq feuilles qui pleuvaient sur le gazon. L’herbe, quoique inculte, semblait peignée par le râteau. Le chasseur, en découvrant cette solitude dans la solitude, à la fois gracieuse et sévère, rayonnante et recueillie, murée et fleurie, était incertain si le morceau de terre qu’il avait sous les yeux était un verger, un jardin, ou un sanctuaire de mort paré de fleurs par la piété d’un village abandonné. Ou plutôt, c’était en réalité quelque chose qui participait de ces deux natures, une espèce de jardin funèbre où la vie disputait le sol à la mort, et où, en voyant tout à la fois de l’herbe, des fleurs, des animaux paissant, des oiseaux chantant, et ces monticules de gazon qui semblent les plis de la couverture de l’homme dans son dernier lit, on hésite entre la joie et le plaisir, et l’on reste à contempler en silence, sans savoir si l’on doit jouir ou s’attrister. Telle fut la première impression produite sur moi par ce charmant asile de soleil, de silence et de repos.