Page:Lamartine - Le tailleur de pierres de Saint-Point, ed Lecou, Furne, Pagnerre, 1851.djvu/97

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Moi. — Et cela vous rend heureux, de sentir que vous avez bien mérité ainsi de Celui qui nous commande de nous entraider ?

Lui. — Oh ! monsieur, je n’ai rien mérité du tout pour cela, puisque c’est un plaisir que je me suis fait à moi même. Je vous l’ai dit, je ne puis pas sentir souffrir quoi que ce soit sans que ça me torde le cœur et sans avoir l’envie de rendre heureux ce qui est autour de moi. Il me semble que je ne fais qu’un avec tous les hommes, monsieur, qu’ils sont un morceau de ma propre chair, et que je suis un morceau de la leur. Je pense que c’est cela qu’on appelle amour, n’est-ce pas ?

Moi. — Oui, précisément, et dans la portée la plus pure et la plus divine de ce mot.

Lui. — Oh ! si c’est cela, monsieur, je ne sais pas s’il faut m’en vanter ou m’en humilier, mais j’en ai bien pour deux.

Moi. — Et pour cent, mon pauvre Claude. Vous devriez bien en donner un peu a ceux qui ont froid au cœur.