Page:Lamartine - Méditations poétiques (édition de 1820).djvu/56

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Ta voix m’interroge et me blâme,
Le nuage couvre ton ame,
Et tu ne crois plus au soleil.

« Non, tu n’es plus qu’un grand problème
« Que le sort offre à la raison ;
« Si ce monde étoit ton emblème,
« Ce monde seroit juste et bon. »
Arrête, orgueilleuse pensée ;
À la loi que je t’ai tracée
Tu prétends comparer ma loi ?
Connois leur différence auguste
Tu n’as qu’un jour pour être juste,
J’ai l’éternité devant moi !

Quand les voiles de ma sagesse
À tes yeux seront abattus,
Ces maux, dont gémit ta foiblesse,
Seront transformés en vertus,
De ces obscurités cessantes
Tu verras sortir triomphantes
Ma justice et ta liberté ;
C’est la flamme qui purifie
Le creuset divin où la vie
Se change en immortalité !

Mais ton cœur endurci doute et murmure encore ;
Ce jour ne suffit pas à tes yeux révoltés,