Page:Lamartine - Méditations poétiques (édition de 1820).djvu/57

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Et dans la nuit des sens tu voudrois voir éclore
De l’éternelle aurore
Les célestes clartés !

Attends ; ce demi-jour, mêlé d’une ombre obscure,
Suffit pour te guider en ce terrestre lieu
Regarde qui je suis, et marche sans murmure,
Comme fait la nature
Sur la foi de son Dieu.

La terre ne sait pas la loi qui la féconde ;
L’océan, refoulé sous mon bras tout-puissant,
Sait-il comment au gré du nocturne croissant
De sa prison profonde
La mer vomit son onde,
Et des bords qu’elle inonde
Recule en mugissant ?

Ce soleil éclatant, ombre de ma lumière.
Sait-il où le conduit le signe de ma main ?
S’est-il tracé soi-même un glorieux chemin ?
Au bout de sa carrière,
Quand j’éteins sa lumière,
Promet-il à la terre
Le soleil de demain ?

Cependant tout subsiste et marche en assurance.
Ma la voix chaque matin réveille l’univers !