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LA CHAPELLE-SAINT-DENIS

La Chapelle était surtout un pays vignoble, possédant de nombreux clos soigneusement cultivés, tels celui de la Goutte d’Or et celui de l’Aumônier de l’abbaye ; sans compter ceux d’un grand nombre de vignerons, tous obligés, de par les ordonnances du bailli, de pressurer leurs raisins au pressoir de l’abbaye et à celui des religieux de Saint-Lazare, pour les vignobles dépendant de leur seigneurie. Une grande partie du vin récolté se vendait dans les guinguettes de l’endroit, très nombreuses ; mais la récolte était souvent insuffisante pour la consommation, ce qui obligeait des vignerons d’autres lieux à venir débiter leurs produits à la Chapelle durant la belle saison. La culture des grains et des légumes y était aussi fort importante, faisant de la région un endroit très propice au développement du gibier, ce qui ne devait pas peu contribuer à l’organisation de chasses royales et seigneuriales très fréquentées. La plaine Saint-Denis, et particulièrement les dépendances de la Chapelle, possédant de nombreuses remises à gibier, et appartenant à la capitainerie de la Varenne des Tuileries, avaient la réputation d’être très giboyeuses, et le nombre des lièvres et des perdrix qu’y tuaient les invités du roi était, paraît-il, extraordinaire, comme étaient grands, aussi, les dégâts commis dans les moissons. Au grand préjudice, bien entendu, des cultivateurs et des vignerons, qui ne manquèrent pas, en 1789, de signaler ces déprédations dans leurs cahiers aux États Généraux, en demandant la suppression de ces chasses et en montrant leurs terres trop souvent « foulées sans pitié sous les pieds des tyrans ».

Ainsi que toutes les localités des environs de la capitale, notre village possédait un certain nombre de beaux logis, de maisons de plaisance, que leurs propriétaires, plus ou moins