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LA CHAPELLE-SAINT-DENIS

le quartier Saint-Ange, et il l’a revendu 214.000 francs par l’effet du nivellement de la rue de la Goutte d’Or et du pavage des rues des Couronnes et de Jessaint[1].

Ce quartier avait donné son nom au boulevard Saint-Ange, aujourd’hui boulevard de la Chapelle, entre les rues de la Charbonnière et de la Chapelle. Il existait aussi une place Saint-Ange, formée par le carrefour des rues de Chartres et de la Charbonnière. Le souvenir en est conservé aujourd’hui par une enseigne d’hôtel meublé, l' Hôtel Saint-Ange, situé à l’angle de la rue de Jessaint et du square de la Chapelle. La rue de la Charbonnière tirait son nom, paraît-il, d’un lieu dit que nous n’avons pas rencontré, sauf celui de la Chardonnière.

Aux termes du mémoire cité plus haut, la création des quartiers Saint-Ange et de la Goutte d’Or, qui, au point de vue topographique n’en forment qu’un, daterait des années 1815 à 1830.

Cette région, on le sait, avait été choisie par Emile Zola, comme théâtre de son célèbre roman l’Assommoir, dont les péripéties semblent se dérouler vers l’année 185o. On y lit, en effet, que l’hôpital Lariboisière est alors en construction, que le mur d’octroi existe encore, et que le cimetière de la rue Marcadet est toujours ouvert aux inhumations, ce qui correspond à peu près à l’époque indiquée. L’auteur a voulu montrer, selon sa propre expression, ce qu'était, sous le second Empire, la vie ouvrière « dans le milieu empesté de nos faubourgs ». Si nous osions émettre une critique de ce livre, assurément remarquable par sa forme de brutale vérité, nous dirions qu’au moment où se développe le roman, la Chapelle n’était pas un faubourg mais une commune distincte de

  1. Archives de la Seine. Registre n° 1 des délibérations du Conseil Municipal de la Chapelle.