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LA CHAPELLE-SAINT-DENIS

Paris, ce que parait ignorer Émile Zola, et que la vie devait y être beaucoup moins faubourienne et plus rurale que celle présentée par lui dans son ouvrage.

Nous ferons ici un retour en arrière pour parler des moulins à vent qui tournoyaient sur les crêtes de la Butte des Couronnes, ou Butte des Cinq Moulins, dont le massif, assez escarpé, dominait la Goutte d’Or, avait pour base, pour assiette, l’ancien chemin local représenté aujourd’hui par les rues de la Goutte d’Or et de Jessaint, et descendait en pente douce vers la chaussée de Saint-Denis ou Grande-Rue de la Chapelle.

Dans une déclaration de censive, datée de 1540, on trouve un lieu dit qualifié la Couronne.

Le 18 octobre 1547, les religieux du couvent de Saint-Lazare donnent à bail à Vincent de Feurnes, meunier à Actainville, près Luzarches, un demi-arpent de terre au terroir de la Chapelle, « au-dessoubz des moulins à vent du costé de Montmartre », aboutissant « à la chaussée tyrant de Paris au dict lieu de la Chapelle ». Le preneur était tenu, dans le délai d’un an, de faire construire un moulin à vent garni de ses « tournans, travaillans et ustensiles » ; et aussi de moudre tout le blé, orge et autres grains destinés à la provision du prieuré et couvent, laquelle provision devait être la première engrenée et moulue, après paiement du droit de mouture accoutumé. Le meunier ne pouvait, sans l’assentiment des religieux, transporter son moulin dans un autre endroit, ce qui prouve que ces transports étaient prévus et habituels, et qu’un moulin à vent, surtout en bois, se déplaçait avec facilité et suivant les circonstances[1].

  1. Archives Nationales. S. 6647.