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voir un être plus élevé que l’être humain dans la série des êtres, ayant des qualités autres, ou seulement plus développées, sans pour cela lui donner ce caractère d’absolue perfection et d’immuabilité qui m’obligerait à le placer en dehors des lois et des forces de la nature, lesquelles ne régissent et ne connaissent que des phénomènes relatifs et contingents.

Bien plus, je dis que cette conception idéale, cette croyance d’un état supérieur dans la série vivante, est nécessaire à mon progrès moral et à mon développement autonomique. C’est là ce qui détermine mon activité, ce qui cause mon amélioration. Pourquoi marcherais-je en avant, si je ne vois pas de but à atteindre ? pourquoi lutterais-je, si je n’ai rien à conquérir ?

Vouloir détruire l’idéal, c’est essayer l’œuvre impie d’Érostrate ; si vous aviez le malheur d’y réussir, vous n’auriez rien fait pour la justice que vous voulez servir, mais vous auriez détruit la cause déterminante du progrès, et l’humanité serait condamnée à périr immobile à la place où vous l’avez rencontrée. L’œuvre du sage n’est pas de nier et de détruire, mais d’instruire et d’améliorer. La notion de l’idéal a besoin d’être rectifiée toutes les fois que l’état des âmes l’exige.