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Page:Lamber - Idees anti-proudhoniennes sur l amour la femme le mariage.pdf/89

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dicta à Voltaire les vers de la Pucelle. Mais l’esprit de Voltaire, aux mains rudes de M. Proudhon, semble avoir perdu ses ailes diaprées et chaussé les sabots garnis de paille d’un paysan franc-comtois.

Voyons cependant ce que devient l’amour : « Il est soustrait à la volonté de celui qui l’éprouve, il naît spontanément, indélibérément, fatalement. Il arrive à notre insu, malgré nous… » Ceci n’est pas neuf ; mais voici qui l’est davantage : « L’amour, ainsi donné par la nature et l’idéal et jusqu’à ce que la justice lui assigne une nouvelle destination, n’a qu’un but, la reproduction. C’est un drame qui, de sa nature, ne se joue qu’une fois et dont l’évolution se divise en deux périodes opposées, l’une d’ascension ou de désir, l’autre de satisfaction ou de décroissance. »

Et d’abord, il n’est pas vrai que l’amour n’ait pour but que la reproduction. Le but de l’amour est dans l’amour même, c’est-à-dire dans le bonheur qu’il promet et qu’il donne. On aime pour aimer et non pour faire des enfants. Aimer, c’est agrandir sa vie. Procréer, c’est la limiter en la perpétuant. La reproduction est un fait d’ordre naturel et général et non pas seulement d’ordre