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LE SIÉGE DE PARIS

M. Trochu est venu serrer la main du colonel Franchetti, pendant que M. Cernuschi était auprès du blessé ; le général a reconnu l’anti-plébiscitaire, l’étranger qui, par gratitude envers une nation hospitalière, donne le dixième de sa fortune, 200,000 francs, pour la sauver d’un péril imminent. M. Trochu dit à M. Cernuschi : « La fin de la journée a été très-bonne. »

M. Cernuschi me raconte que jamais, après une bataille, il n’a vu des morts si extraordinaires, dans des poses si homériques ; leurs attitudes sont incroyables ; tous ont une figure menaçante, les uns montrent poing, d’autres tiennent leurs fusils embrassés ; d’autres encore, un genou en terre, penchés en avant, ont dû essayer de tirer une dernière fois avant de mourir.

Vers dix heures, on m’avertit qu’un officier blessé à Champigny me demande l’ambulance du Conservatoire, et qu’il a dit en entrant : « C’est bien ici une ambulance de Mme Adam ? » Je cours au Conservatoire, et je reconnais un ami, le lieutenant Plauchut, du 113e ; il a une balle dans le pied. La sœur du jeune lieutenant