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genre où leur morale ne trouve pas une occasion de se hausser. C’est un malheur.

Mais revenons au temps de la jeunesse de Jean : durant deux semaines Jean avait été laissé en pension chez tante Rose, pendant que sa mère se rendait au Canada assister aux funérailles d’un parent.

Quelquefois tante Rose chargeait Jean d’une commission et lui disait : « Si tu fais bien cette commission, ce soir je te conterai un conte. » La commission se faisait sans oublier le moindre détail, c’est que Jean y tenait énormément au conte, surtout celui de Brigolet. Oh ! le brigand de Brigolet ! Jean en avait souvent rêvé.

Un soir donc, qu’une commission faite à la perfection exigeait récompense et qu’une fourmilière d’enfants aux joues roses, aux yeux clairs et rieurs étaient réunis chez tante Rose, Jean rappela la promesse du matin, « Tante Rose, et mon conte ? »

Alors la bonne tante s’assit et autour d’elle toute la phalange des bambins et bambines.

« Allons mes petits, quel conte voulez-vous ? »

« Celui de Brigolet » s’écria Jean. « Brigolet, Brigolet », répétèrent les autres en chœur.

« Eh bien, écoutez ! » Cette invitation était bien superflue parce qu’on aurait pu entendre respirer une mouche.

C’était une fois un homme et une femme : Pierre et Madeleine, qui sans être très fortunés n’en vivaient pas moins dans une certaine aisance. Un jour de printemps, avant le temps des semailles, Pierre s’en