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et vient le déposer sur la galerie. D’une main fébrile, il roule le petit corps pour lui faire rendre l’eau qu’il a bue dans le bassin et, avec un grand mouchoir, il étanche le sang qui coule d’une large blessure à la tête.

En ce moment la mère arrive, toute émue et elle envoie l’aîné quérir le médecin et lui donne les premiers soins que requiert son état lamentable.

Le médecin pansa la plaie et fit transporter l’enfant dans son lit où il semblait reposer confortablement.

Le petit vieux s’en alla chez lui, emportant dans le coin de l’œil une grosse larme, affecté qu’il était par l’événement tragique survenu à son petit ami. Tous les jours il se rendait voir ce dernier qu’il trouvait alternativement souffrant ou mieux, sa blessure à la tête le faisait souffrir. Souvent il n’était pas sans inquiéter ses parents.

Un jour l’enfant semblait jouir d’un mieux sensible, il dit au vieillard qui venait d’entrer : « C’est la faute au crapaud empoisonneur si ce malheur m’est arrivé. » À ces mots le vieillard tressaillit et la mère voulut se faire expliquer le sens des paroles de l’enfant malade.

Le vieillard rapporta à la mère les paroles échangées avec l’enfant quelques jours auparavant, qu’il avait simplement voulu inculquer à ce dernier une idée de répulsion envers les animaux rampants : « Vous saurez, dit-il, que tout animal rampant se nourrit d’un suc empoisonné produit de l’émanation de l’air putride de la terre en fermentation.

Le vieillard, sans doute, ne voulait pas émettre toute sa pensée sur le sujet. Il prit son chapeau et s’éloi-