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gna à petits pas nerveux semblant suivre le fil d’une idée qui l’obsédait ; il murmurait à demi voix des phrases comme celles-ci : « Tout ce qui rampe sur la terre, animaux ou gens, porte en lui le germe empoisonné de la répulsion, de la vilenie, mensonge et malheur, sinon pour le corps toujours pour l’âme qu’il détient dans son état avilissant, hideux et repoussant. »

Neuf jours après l’événement tragique, dans la nuit, le petit malade s’était plaint lamentablement, le matin, on envoya chercher le prêtre et le médecin qui ne purent que constater l’inévitable. L’on n’avait pu cicatriser la plaie. La fièvre purulente gagnant le cerveau avait causé la mort de l’enfant en quelques instants.

Aux funérailles du petit, l’on avait remarqué le vieillard qui cette fois ployait sous le poids du chagrin éprouvé.

Longtemps après, le petit vieux dirigeait ses pas du côté du cimetière où reposait l’enfant qu’il avait adopté dans son cœur, son petit ami de quelques jours d’autant plus aimé parce qu’il avait été témoin des souffrances et de la triste fin prématurée de cette petite fleur brisée en pleine floraison printanière. Il ne pouvait rester indifférent devant la douleur des parents sur la perte de l’enfant chéri, que le cruel destin venait d’enlever à leur affection.

Tante Rose s’arrêta, mais les enfants s’écrièrent en chœur : Tante ! Un conte du petit diable, qui se fait jouer un tour, c’est moins triste.

Tante Rose reprit de suite :