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consuma sa maison au moment où toute la famille était plongée dans un profond sommeil.

Sa femme et ses enfants périrent et, seul, Jacques Rusot put se sauver à temps après avoir surmonté de grandes difficultés. Ce dernier malheur était de trop, il se laissa abattre et s’abandonna à un cruel désespoir jusqu’à proférer des invocations les plus insensées.

Le diable apparut soudain à Jacques et lui dit :

« Jacques Rusot, j’ai entendu tes lamentations et je suis venu te proposer un marché. Si tu veux me signer un papier comme quoi tu m’appartiendras corps et âme dans un an et un jour, en retour, je m’engage à te procurer tout l’or et l’argent convoités, ainsi que tous les plaisirs désirés, d’ici à ce que ce temps-là soit expiré. »

Devant cette apparition soudaine et ce langage rempli de promesses de vie et de jouissances, Jacques Rusot reste un moment interdit, mais se remet bientôt de cette émotion ressentie. Son instinct de rusé à faire des marchés l’emporte à tenter l’aventure.

Il regarde le diable fixement dans les deux yeux et lui répondit : « Je ne saurais que faire de tout l’or et l’argent que tu pourrais me procurer. Cependant, je signerai ce papier, m’engageant à t’appartenir au bout d’un an et un jour, à trois conditions :

Premièrement, tu rempliras ma tuque que tu vois de pièces d’or et l’argent ; deuxième condition, je percerai un trou au faîte de ma grange ; j’y clouerai ma tuque par en dedans et ce sera par cette ouverture