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JOURNAL D’UN BIBLIOPHILE

conter l’acquisition de la fameuse boîte et le plaisir que cela m’avait causé.

— Vous aimez les livres ? me dit-elle.

— Je les aime, je les chéris, je les dévore.

— S’il en est ainsi, débarrassez-moi donc de ceux-là.

Je donnai un dollar et j’emportai la pile de livres. Il y avait une trentaine de volumes et, en plus, une série de la « Revue de Montréal », de 1877 à 1881, reliée en cinq volumes.

Le soir, en classant cette nouvelle acquisition, je constatai avec chagrin qu’il manquait deux numéros de la « Revue de Montréal », de l’année 1878.

J’écrivis aux librairies de Montréal, mais il me fut impossible de me procurer ces numéros de malheur.

On rapporte qu’un jour un ami se présenta chez un juge de la Cour supérieure de la province de Québec avec une petite brochure de seize pages aux feuilles jaunies, sales et presque hors de service.

Le juge était un ardent collectionneur de bouquins et l’ami le connaissait, car il lui dit en entrant :

— Votre Honneur, je crois vous apporter quelque chose qui va vous intéresser.

Et il lui tend le fascicule jauni mais complet.


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