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JOURNAL D’UN BIBLIOPHILE

avait annoncé un concert sacré, donné par des amateurs locaux pour les œuvres paroissiales.

L’impression des programmes avait été confiée à Léo. À la dernière minute, les programmes arrivèrent au curé par l’entremise d’un jeune garçon.

Le curé constata avec stupéfaction que ces feuilles étaient parsemées de nombreuses petites grenouilles.

— Que viennent donc représenter ces grenouilles dans un concert sacré ? demanda le curé.

Le jeune garçon rapporta les propos tenus par Léo. D’après Léo, ces grenouilles étaient placées là pour symboliser le gazouillis des chants au réveil du printemps, alors que tout dans la nature chante le renouveau et que sais-je encore ?

— Pauvre Léo, avait dit le curé : gâté à tout jamais ! chez lui c’est incurable, il ne reviendra jamais au sérieux, c’est un talent perdu au service du beau, du grand et du bien.

Le concert sacré fut un succès et la plaisanterie inconvenante du maître-grenouille fut ratée.