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LAIDE

pieds n’ont jamais foulé que les sables des squares et des Champs-Élysées.

La nourrice, paysanne, aimait la campagne. Elle feignit de prendre le silence d’Hélène pour un consentement, et ordonna à Césaire de se diriger vers les bois de Bellevue.

Ils prirent les quais de l’autre côté des ponts. Une lumière blanche, intense, à la fois pâle et incandescente, inondait le ciel, la Seine, les collines. De grands bateaux, attachés à leurs amarres, d’autres courant sur l’eau dormante dont ils secouaient la fraîcheur paresseuse, le rivage boisé, les lies lourdes et vertes, meublaient, habitaient, encadraient la Seine.

On gravit lentement les hauteurs de Bellevue, et les yeux distraits d’Hélène virent se dérouler l’immense Paris, enrubanné par son beau fleuve. Les lointains s’allongeaient à mesure que la jeune femme s’élevait, et plus l’horizon devint large, mieux son regard put l’embrasser. Elle avait la passion de sa grande ville, raffolait de chacune de ses grâces, adorait ses élégances, mais il lui