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Page:Lambert - Rencontres et entretiens, 1918.djvu/105

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LE PÈRE THOMAS

Les histoires du père Thomas étaient toujours terribles, extraordinaires, extravagantes Lorsqu’il exprimait sa pensée, c’était en expressions immenses, sans limite comme les vastes prairies de l’Ouest qu’il avait traversées ; ses gestes étaient aussi longs, que les branches des arbres de la Californie où il avait vécu deux années ; le son de sa voix aussi retentissant que les échos des pics des montagnes Rocheuses qu’il avait côtoyés. Et quand il disait « Cette histoire m’a été racontée par mon père », malheur à celui ou à celle qui aurait laissé paraître un sourire d’incrédulité. Au dire du fils, le père aurait été témoin de faits terrifiants.

Je ne puis rendre les gestes ni faire entendre le son de la voix de Thomas, mais, je vais vous citer une de ses histoires telles qu’il les racontait lui-même.

Peu de temps après son arrivée dans l’état de New-York, Jean Lapierre lia connaissance avec un Vieux Canadien, émigré comme lui, pour fuir la justice anglaise du Canada. Ce Vieux Canadien était engagé comme serviteur chez le ministre protestant du village.

Le ministre ayant passé de vie à trépas, son garçon William avait congédié le Vieux Cana-