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RENCONTRES ET ENTRETIENS

de la famille et répondu à l’appel du Canadien par ces mots : « Ah ! mon Vieux Jos arrive ! » Puis sans cérémonie, il s’en va chercher une bouteille de boisson enivrante, qu’il débouche tant bien que mal, et verse à boire au Canadien, sans s’oublier lui-même, bien entendu.

Le ministre désolé s’en fut dans la chambre de la malade pour lui adresser des paroles d’encouragement avant de partir.

Jos Caillade nullement étonné de voir le garçon dans cet état d’ivresse avancée, n’osa pas refuser de prendre un coup avec lui, connaissant son tempérament colère et vindicatif ; Un deuxième coup suivit le premier.

Entre temps le Vieux Canadien éméché lui-même passablement par sa Jamaïque, avait brutalement avoué au fils du ministre le but de sa visite : « William, avait-il dit, je suis venu te rapporter ces habits — et il désignait le paquet de hardes — car vois-tu, un chrétien catholique ne peut convenablement porter des vêtements qui ont servi à un ministre protestant, qui, aujourd’hui est peut-être dans le fond du septième enfer à brûler avec les damnés. »

Mais William regardant le Canadien d’un air hébété, ne parut pas comprendre, et il