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LE PÈRE THOMAS

remplit un troisième verre qui prit la même direction que les autres.

Ce troisième coup fut de trop et pour le jeune William, et pour le vieux Jos qui comme on le sait avait passablement bu avant de se décider à venir à la résidence du défunt ministre.

Le ministre en visite mettait alors son chapeau et s’apprêtait à partir, tout en jetant un regard de profonde pitié au fils de son ancien ami.

Il n’alla pas loin : le fils William l’arrête au passage.

Les yeux voilés par les vapeurs de l’esprit des liqueurs enivrantes, sortant un pistolet de sa poche, d’une voix rauque et saccadée il apostrophe le ministre en ces termes : « Vieux prêcheur de maximes pour sauver les vivants et les morts, tu vas me dire sur le champ, si, comme vient de me l’affirmer mon ami Jos., mon père est damné, oui ou non, dans le fin-fond des enfers, ou sinon… »

Au même instant, dehors l’orage éclate dans toute sa fureur ; le tonnerre fait entendre un roulement terrible et continu ; d’effrayants et aveuglants éclairs se succèdent sans interruption, illuminant cet intérieur de logis, qui présente l’apparence d’une caverne de malfaiteurs.