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RENCONTRES ET ENTRETIENS

cette fois, d’une nuée de terre qui vint retomber sur moi comme un orage.

Je distinguai alors l’animal en question, qui se mit à tourner autour de mon refuge. Quoique hors de son atteinte, j’éprouvais une vive émotion. J’étais là, énervé, n’osant appeler, car pour moi il n’y avait pas de doute possible : quiconque se présenterait dans le moment aurait fort à faire pour se défendre contre le furieux animal qui s’était constitué mon gardien.

Celui-ci tournait toujours autour de la pile de billots : je commençais à trouver le temps long ; néanmoins j’étais satisfait de me savoir dans une position inexpugnable. Alors saisissant une énorme perche en bois franc, je la laissai tomber de tout son poids sur le cou de la bête en furie, mais sans grand effet. Je pris plus de précautions pour une deuxième attaque. Cette fois la perche s’abattit sur le nez de l’ennemi et lui fit fouiller la terre de belle façon.

S’éloignant un instant, l’animal revint plus furieux que jamais. Une troisième perche de bois franc lancée à la même place que la deuxième lui fit prendre la fuite, et me rendit finalement maître du champ de bataille.