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Page:Lambert - Rencontres et entretiens, 1918.djvu/22

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RENCONTRES ET ENTRETIENS

aux joies de l’âge enfantin ?… J’avais connu le père Bernier en 1874, il avait quatre-vingts ans, il est mort en 1899 à cent cinq ans. Combien d’entre nous atteindront cet âge avancé ? Pas un sans doute ? Si grand’père, a vécu tant d’années, j’y vois plusieurs raisons. En premier lieu, il ne s’échauffait jamais dans des discussions inutiles, il était seul ; s’il perdait quelquefois une partie de dames avec un adversaire imaginaire, pas de gros mots ; il conservait la maîtrise de lui-même et savait se taire à l’occasion. Grand’père ne s’est jamais surmené à lire les romans à dix sous et les grands journaux à sensations qui paraissent tous les jours. La seule cause qui aurait pu raccourcir son existence serait d’avoir beaucoup fumé, mais je n’entrerai pas avant dans ce sujet, car la prétentieuse science hygiénique des antitabaconistes pourrait venir avec preuves en main, essayer de me convaincre, que si le père n’avait pas fumé, il aurait certainement vécu quinze à vingt ans de plus Je n’en crois rien…

Bon vieux grand’père, mon premier ami ici-bas, reposez donc en paix, dans les douces joies des élus, jouissez des éternelles félicités que vous avez si bien méritées. C’est le vœu le plus