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LES « CHÊNEURS »

le supplia avec des yeux pleins de larmes de continuer notre chemin. D’un brusque mouvement, mon père lui fit lâcher prise et dit : « Voilà assez longtemps que l’on nous traite comme des chiens ! voici un groupe auquel j’ai promis quelque chose ; aujourd’hui je vais régler mon compte avec eux. » Et s’emparant d’un énorme gourdin noueux dont il s’était muni avant le départ, il entre hardiment dans la carrière, où semblaient dormir les quatre « Chêneurs », qu’il avait reconnus.

Nous fûmes alors témoins d’une scène horrible.

— En disant cela, le vieillard ferma les yeux, comme pour chasser loin de lui une vision épouvantable. — Arrivé près des « Chêneurs » endormis, mon père, tout en gardant son gourdin, saisit une énorme pierre dont il écrase la tête d’un des « Chêneurs ». Puis, prompt comme l’éclair, il saisit une deuxième pierre avec laquelle il broie la tête d’un deuxième « Chêneur ». Les deux autres veulent se lever, ils n’en ont pas le temps. D’un coup de gourdin mon père assomme le troisième tandis que l’autre prend la fuite. Mon père jugea inutile de le poursuivre. Revenant à la voiture, je l’entendis murmurer : « En voilà toujours bien trois de ces canailles qui ne tueront plus