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RENCONTRES ET ENTRETIENS

Canadien du village. Il est frais et vigoureux encore, malgré ses quatre-vingts ans sonnés. Il doit venir à la maison cet après-midi, et vous aurez l’occasion de faire ample connaissance avec lui et de l’entendre causer. Il vous intéressera, car c’est un causeur sans pareil.

Nous nous rendîmes à la résidence du père Matte, où un savoureux dîner nous attendait.

Au moment où nous nous préparions à nous lever de table, le père Millette fit son entrée et vint nous donner à chacun une affectueuse poignée de main. On passait alors une excellente liqueur douce, fabriquée par la maîtresse de la maison. Une franche gaîté régnait parmi l’assistance.

Eh ! s’écria tout-à-coup Robert Paul, un de nos compagnons de chant, en posant un verre vide sur la table, monsieur Matte, j’ai sur la conscience un secret que je ne puis garder plus longtemps sans danger d’être étouffé.

Ce matin, dans les chars, monsieur Charles Rabouin, qui nous a dit vous connaître, m’a assuré que nous serions bien reçus par vous et votre famille, que votre hospitalité serait toute canadienne, et le festin vraiment royal. Cependant, d’un air qui en disait long, il nous mettait en garde contre la boisson offerte qui serait