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UNE FÊTE SAINT-JEAN-BAPTISTE

« Monsieur le curé, dit-il, je ne regarde pas aux pas de ma petite jument qui est capable de faire encore dix voyages comme ceux-là ; mes gas sont forts et courageux ; mais pensez donc, s’il eut fallu que Marianne fut morte dans l’intervalle de ce temps perdu, quelle responsabilité sur vos épaules, monsieur le curé !

« À ces mots, le prêtre regardant fixement mon oncle Jean Gourmont, lui dit sans s’émouvoir : « Jean Gourmont, j’étais trop malade moi-même pour faire ce voyage en charrette. Pour ce qui est de ta femme Marianne, je savais qu’elle ne mourrait pas. Je t’assure qu’elle ne mourra pas aujourd’hui ni demain, car ta femme en a encore pour longtemps à vivre ; sois donc sans inquiétude et que Dieu te bénisse. »

« Et le curé passe la porte, monte en calèche où l’attendait déjà le garçon de mon oncle qui s’en fut le ramener au presbytère.

« Sacréyer ! c’est pourtant vrai ce qu’avait dit monsieur le curé, car ma tante Marianne reprit du mieux. Peu de temps après elle était complètement rétablie. Plusieurs années s’écoulèrent ; le curé mourut et le lendemain ma tante Marianne partait, elle aussi, pour l’autre monde, d’où elle n’est jamais revenue. Pas vrai : Mérance ? »