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RENCONTRES ET ENTRETIENS

l’époque de la mort de mon enfant, le père Jean, qui avait éprouvé différents malheurs avait quitté Manchester depuis longtemps. Il était parti sans nous dire où il allait.

— C’est bien dommage, car je sentais qu’il y avait là-dessous quelque tradition, comme seuls nos vieux parents savaient nous en raconter, et j’aurais bien aimé rencontrer celui-là.


II


Le lendemain, qui était un dimanche, levé de très bonne heure, je me promenais seul dans la rue, tout en exhalant dans l’air les bouffées d’une cigarette que j’avais allumée. Le temps était lourd et chaud. De gros nuages apparaissaient de temps à autre, et semblaient raréfier l’air que j’aurais tant aimé respirer. Depuis peu on avait construit une ligne de tramways qui reliait Manchester à S…, petite ville voisine, distance de dix milles tout au plus.

Voilà bien le temps d’aller voir le village de S… me dis-je, et tout de suite je pensai à mon ami. Je rentrai à la maison, et j’eus bientôt fait de lui proposer le voyage, qu’il accepta avec empressement.

Après un déjeuner pris à la hâte, et l’audition d’une basse-messe, nous étions prêts à partir.