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RENCONTRES ET ENTRETIENS

— Mais, Monsieur, hasardais-je de nouveau, quelle raison avait votre mère de vous parler ainsi, et pourquoi vos filleuls devaient-ils mourir avant deux ans, plutôt qu’après ?

— Jeune homme, me répondit-il, en me montrant des signes évidents d’impatience, jeune homme, c’est parce que mon parrain, dans un acte de désespoir, trancha le fil de ses jours, par la mort la plus violente et la plus honteuse, la pendaison, et parce que moi, alors je n’avais pas deux ans.

Il y avait tant de conviction dans ses paroles, et tant de chagrin pour la mort de son dernier filleul, que mon ami et moi ne savions que penser.

N’importe, je savais ce que je voulais savoir et après m’être entretenu encore quelques instants avec cet intéressant vieillard, je fis comprendre à mon ami que je voulais m’en retourner.

Après avoir pris congé du père Jean et de sa famille, nous prîmes le tramway pour revenir à Manchester. J’étais satisfait, ma journée n’était pas perdue.