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RENCONTRES ET ENTRETIENS

diennes-françaises, entre autres celle d’un de mes frères. Or, voici la raison de ma présence dans ce village :

Mon frère nous ayant écrit qu’il avait décidé de se rendre, avec sa famille, au Manitoba, sur une terre nouvelle, rejoindre des parents de sa femme, je résolus de faire une visite d’adieu à ce frère qui s’en allait bien loin, pour ne plus jamais nous revenir peut-être. J’arrivai chez lui le 23e jour de Décembre, avec l’intention de passer une huitaine de jours au milieu de sa famille. Durant mon court séjour en cet endroit charmant, il me fut donné d’assister à plusieurs événements imprévus.

Le lendemain de mon arrivée, veille de Noël, je fus témoin d’une petite scène des plus attendrissantes, résultat d’une vieille coutume que, à chaque veille de Noël, les gens du village avaient bien garde d’oublier.

La veille de la Fête, donc, vers les cinq heures de l’après-midi, les généreux et charitables villageois décoraient des couleurs nationales leur plus belle voiture et s’en allaient quérir un pauvre désigné d’avance dans le village. À la voiture s’attelaient bravement des jeunes gens assistés de jeunes filles toutes enrubannées. Cet attelage d’un nouveau genre allait de