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LE VIEUX SOLDAT

Durant la messe les vieux cantiques de Noël furent chantés. En entendant ces simples et si belles mélodies, les assistants se rappelant leur pays, leur village, ne purent retenir leurs larmes, larmes de joie et de douce tristesse à la fois. Tous pleuraient. — Oh ! qu’elle est tendre et bonne notre belle religion catholique ! Dans le cœur humain, rien ne saurait jamais la remplacer.

. . . . .

Au retour, le père Laporte, tout entier à son bonheur, resta d’abord silencieux ; mais bientôt il devint plus expansif.

Le temps était resté au beau : le soleil projetait à profusion ses rayons réchauffants à travers les rangées des petits pins verts que nous avions traversés, et qui nous abritaient contre l’air un peu vif du matin ; de rares oiseaux, comme pour suppléer à leur petit nombre, multipliaient leur chant en ces lieux qui semblaient, en ce jour d’allégresse générale, revêtir un cachet de joie intérieure et d’agréable solitude.

Tranquillement, au petit pas nous avancions, admirant le paysage, tout en prêtant l’oreille aux propos du Canadien dont voici l’histoire.

Parti du Canada, à l’âge de vingt et un ans, il avait toujours travaillé chez des fermiers