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n’était pas un clergé dominant. Ils avaient une beaucoup plus grande portion des deniers publics que le clergé d’aucune autre dénomination ; mais ils n’avaient ni privilèges exclusifs, ni autorité, excepté ce qui pouvait découler de l’exécution effective de leurs devoirs sacrés, ou de l’énergie, de la capacité ou de l’influence des membres de leur corps. Mais le dernier acte public de Sir John Colborne, avant de quitter le gouvernement de la province en 1835, qui fut l’établissement des cinquante-sept rectorats (rectories), a complètement changé l’état de la question. Il est entendu que chaque recteur jouit de tous les privilèges spirituels et autres possédés par un recteur en Angleterre ; et quoiqu’il n’ait pas droit d’exiger la dîme, (car ceci même a été mis en question) il est sous tous les autres rapports précisément dans la même position qu’un ministre de l’église établie en Angleterre. Ceci est regardé par tous les autres ministres de religion dans le pays comme les ayant rabaissés à une position d’infériorité légale vis-à-vis du clergé de l’Église d’Angleterre ; et a causé une vive agitation. Dans l’opinion de plusieurs personnes ceci a été la principale cause qui a prédisposé à l’insurrection récente, et c’est une cause permanente et continuelle de mécontentement, et l’on ne doit pas en être surpris. L’Église d’Angleterre dans le Haut-Canada, en comptant dans ses rangs tous ceux qui n’appartiennent pas aux autres sectes, se représente comme étant plus nombreuse qu’aucune autre dénomination de Chrétiens dans ce pays. Toutefois, même en admettant la justesse du principe sur lequel cette énumération est calculée, et en accordant à cette Église tout ce qu’elle prétend sur cet objet, le nombre de ses adeptes ne pourrait pas monter à un tiers, probablement pas un quart, de la population. On ne doit donc pas espérer que les autres sectes, trois du moins, les Méthodistes, les Presbytériens et les Catholiques, qui prétendent être individuellement plus nombreux que l’Église d’Angleterre, se soumettront paisiblement à la suprématie qui est ainsi donnée à cette dernière. Et il est également naturel que les dissidents Anglais et les Catholiques Irlandais, se rappelant la position qu’ils ont occupée dans la métropole, et la longue et pénible contestation à l’aide de laquelle ils ont obtenu l’égalité imparfaite qu’ils possèdent maintenant, refusent d’acquiescer pour eux-mêmes à la création d’un semblable établissement dans un nouveau pays, et de laisser ainsi à leurs enfants une lutte aussi ardue et aussi cruelle que celle à laquelle ils ont échappé si imparfaitement et à une époque si récente.

Sans cet acte, il aurait été possible quoique hautement impolitique, de laisser les réserves du Clergé sur leur ancien pied tout indéterminé et imparfait qu’il fût. Mais la question de l’application de ces biens doit être maintenant réglée si l’on désire que la province soit exempte d’agitation violente et dangereuse. En effet, toute cette controverse, qui avait été en grande partie suspendue par l’insurrection, fut ranimée, dans le cours de l’automne dernier, avec plus de chaleur que jamais par l’opposition la plus inopportune dans la colonie des opinions des officiers Anglais en loi de la Couronne en faveur de la légalité de l’établissement des rectorats. Depuis cette période la question a de nouveau