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absorbé l’attention publique ; et il est tout-à-fait clair que c’est sur ce point pratique que l’issue doit être jointe tôt ou tard sur toutes les questions constitutionnelles dont j’ai déjà parlé. Je sais bien qu’il y en à quelques uns qui représentent l’agitation de cette question comme le simple résultat de son présent caractère indéterminé, et qui prétendent que si les privilèges de l’église d’Angleterre à la jouissance exclusive de ce domaine étaient établis par le parlement impérial, tous les partis, malgré leurs prétentions actuelles, et malgré leurs anciennes plaintes, acquiesceraient à un arrangement qui serait alors inévitable. Ce pourrait être le cas si l’établissement d’une église dominante était inévitable ; mais il n’est pas nécessaire de remarquer que dans le voisinage immédiat des États-Unis, et avec leur exemple devant les yeux, le peuple du Canada n’envisagerait pas ainsi, aucune injustice réelle ou imaginaire causée et supportée par une domination britannique. Le résultat d’aucune détermination de la part du gouvernement de la législature britannique qui donnerait à une secte l’ascendance et la supériorité, serait de nature, il est à craindre, non pas à assurer cette secte favorite, mais à risquer la perte de cette colonie, et en maintenant les prétentions exclusives de l’églse d’Angleterre, à hasarder une des plus belles possessions de la couronne britannique.

Je suis obligé de dire qu’il règne certaines idées et une unanimité d’opinions sur la question des établissements ecclésiastiques dans la partie septentrionale du continent de l’Amérique, qu’il sera prudent de ne pas oublier dans le règlement de cette question. La supériorité de ce qui est appelé « le principe volontaire, » est une question sur laquelle je puis presque dire qu’il n’y a pas de différence d’opinion dans les États-Unis ; et il ne peut être nié que sur ce point comme sur d’autres, le retentissement de la pensée dominante dans l’union a exercé une influence très considérable dans les provinces voisines. Des circonstances semblables ont eu aussi l’effet d’accoutumer le peuple des deux pays à regarder cette question sous un point de vue bien différent de celui sous lequel elle est envisagée dans l’ancien monde ; et la nature de la question est à la vérité entièrement différente dans les vieux et dans les nouveaux pays. Le droit apparent que le temps et la coutume donnent au soutien d’une institution ancienne et respectée ne peut point exister dans une contrée récemment établie, où tout est nouveau, et là l’établissement d’une église dominante est une création de privilèges exclusifs en faveur d’une dénomination religieuse qui compose une petite minorité au milieu de plusieurs autres dénominations, aux dépens non seulement de la majorité, mais de plusieurs minorités aussi considérables. L’église aussi, que l’on propose de faire rétribuer par l’état, est l’église des plus riches citoyens et celle qui peut mieux pourvoir pour elle-même, et qui a le moins de pauvres auxquels doit être donnée gratuitement l’instruction religieuse. Une autre considération qui distingue les motifs d’après lesquels cette question doit être décidée, et dans les pays anciens et dans les nouveaux, consiste en ce que l’état de société dans ces derniers n’est pas susceptible de l’organisation nécessaire pour rendre efficace aucun établissement ecclésiastique quelconque, et