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sentiments publics, quiconque a réfléchi sur la difficulté de maintenir la police dans une société éparse, verra clairement l’impossibilité où serait tout gouvernement quelconque de réprimer une population comme celle qui habite le long des mille milles de cette frontière.

Ce danger lui-même ne laisse pas que de produire des sentiments propres à engendrer plus de mal. Les gens loyaux du Canada, indignés de la terreur et des dommages constants occasionnés, par les incursions du rivage opposé, ont naturellement tourné leur hostilité contre la nation et le gouvernement qui permet, et qu’il accusent même de conniver à la violation du droit et de la justice internationale. On se lance de part et d’autre des récriminations mutuelles ; et les facilités de communication qui entretiennent la sympathie entre des portions des deux populations présentent en même temps des occasions de collision entre les passions haineuses et les antipathies nationales. Les Journaux de parti violents des deux côtés, et les divers corps dont une guerre avancerait les intérêts, fomentent la querelle. Une grande portion de chaque population s’efforce d’exciter son propre gouvernement à la guerre, et travaille en même temps à produire le même résultat en irritant les sentiments nationaux de la société rivale. La presse Canadienne s’étudie à faire circuler des bruits, et chaque acte amical du peuple ou du gouvernement Américain paraît être systématiquement l’objet des interprétations les plus défavorables. Il n’est pas seulement à craindre que cet état de suspicion et de malveillance réciproques soit poussé à l’extrême par des actes de représailles réciproques, mais que les officiers des gouvernements respectifs, dans le désespoir de conserver la paix, ne prennent que peu de soin pour empêcher le commencement actuel de la guerre.

Quoique je ne croie pas qu’il y eût jamais un temps où les relations particulières des deux pays rendissent moins vraisemblable que les États-Unis s’imaginent qu’une guerre avec l’Angleterre pût avancer leurs propres intérêts, cependant on ne peut douter que l’état agité des Canadas nuit considérablement à la prospérité d’une grande partie de l’Union. Au lieu de présenter un nouveau champ à leur entreprise commerciale, ces provinces, dans leur état de troubles actuel, sont plutôt une barrière à leurs efforts industriels. L’état actuel des choses occasionne aussi de grandes dépenses au gouvernement fédéral qui s’est trouvé dans la nécessité d’augmenter considérablement sa petite armée, à raison principalement des troubles du Canada.

Nous ne devons pas oublier non plus, que quelques assurances et preuves de sentiments amicaux que nous recevions du gouverne-