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nants maintenant est de conduire leur gouvernement avec harmonie, en accord avec ses principes établis ; et je ne sais pas comment il est possible d’assurer cette harmonie d’aucune autre manière qu’en administrant le gouvernement sur les principes dont l’efficacité a été prouvée par l’expérience de la Grande-Bretagne. Je ne voudrais pas toucher à une seule prérogative de la couronne : au contraire, je croîs que l’intérêt du peuple de ces colonies demande la protection des prérogatives, qui n’ont pas été jusqu’à présent exercées. Mais la couronne d’un autre côté doit se soumettre aux conséquences nécessaires des institutions représentatives ; et si elle doit faire marcher le gouvernement d’accord avec le corps représentatif, il faut qu’elle consente à le faire par le moyen de ceux en qui ce corps représentatif a confiance.

En Angleterre ce principe est depuis si longtemps regardé comme une partie indubitable et essentielle de notre constitution, qu’il est à pétrie jamais devenu nécessaire de s’enquérir des moyens de le faire observer. Lorsqu’un Ministère cesse de commander une majorité dans le Parlement sur les grandes questions politiques, son sort est immédiatement scellé ; et il nous paraîtrait aussi étrange de faire marcher, pendant un temps, un gouvernement par le moyen de Ministres perpétuellement en minorité, qu’il le serait de passer des fois avec une majorité de votes contre elles. Les anciens remèdes constitutionnels, par accusation parlementaire et le refus des subsides, n’ont jamais été employés, depuis le règne de Guillaume III, pour éloigner un Ministère. Ils n’ont jamais été nécessaires, parce que, de fait, les Ministres ont eu plutôt pour habitude de prévenir un vote d’hostilité absolue, et de se retirer, lorsqu’ils ne se trouvaient appuyés que par une majorité très faible ou incertaine. Si les Législatures coloniales ont souvent arrêté les subsides, si elles ont harassé les serviteurs publics par des accusations injustes et vexatoires, c’était parce que dans les colonies on ne pouvait déplacer une administration impopulaire par les indications plus douées d’un manque de confiance, qui ont toujours suffi pour obtenir cette fin dans la mère-patrie.

Les moyens qui ont été occasionnellement proposés dans les colonies, elles-mêmes, ne me paraissent aucunement calculées pour atteindre cette fin de la meilleure manière. Ces propositions indiquent un tel manque de confiance dans la disposition du gouvernement Impérial à acquiescer à l’adoption d’un meilleur système, que s’il était introduit, il ôterait presque tout espoir d’un arrangement satisfaisant des différents pouvoirs de l’État. Un Conseil Exécutif serait non seulement tout-à-fait incompatible avec le gou-