Page:Lambton - Rapport de Lord Durham.djvu/40

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deux systèmes. Malheureusement, cependant, la conquête du Canada fut presqu’immédiatement suivie par le commencement de ces mécontentement qui ont été terminés par l’indépendance des États-Unis. Depuis cette période la politique coloniale parait avoir subi un changement complet. Prévenir un nouveau démembrement de l’empire devint le premier objet de nos hommes d’état ; et l’on montra une anxiété particulière à adopter tous les moyens qui paressaient calculés à empêcher le reste des colonies du Nord de l’Amérique de suivre l’exemple d’une heureuse révolte. Malheureusement la différence de caractère national des Français du Canada, et leur ancienne hostilité contre le peuple de la nouvelle Angleterre présenta la plus facile et la plus sensible ligne de démarcation. L’isolement des habitants des colonies anglaises d’avec ceux des colonies révoltées devint la politique du gouvernement, et la nationalité des Canadiens-Français fut en conséquence préservée, comme moyen d’une séparation perpétuelle et complète de leurs voisins.[1]

  1. Cette politique fut continuée à une époque aussi avancée qu’en 1816, ainsi qu’il parait par la dépêche suivante de Lord Bathurst au gouverneur du Bas-Canada :
    Downing Street, 1er juillet 1816.

    Sir, — Vous avez eu sans doute, connaissance des enquêtes qui ont été faites dans la province quant à la convenance de laisser dans son état naturel cette partie de la frontière qui se trouve entre le Lac Champlain et Montréal ; et le rapport de l’arpenteur-général à ce sujet, qui fut envoyé à Sir Gordon Drummond avec la dépêche du 21 avril 1816, N° 119 a sans doute attiré votre attention, et ce rapport est accompagné de l’opinion que le gouvernement de Sa Majesté entretient à ce sujet. On ne peut que regretter qu’il y ait eu des établissements dans les Districts d’Hemmingford, Sherrington, Godmanchester ou Hinchinbrook. Mais je ne puis en même temps recommander de déposséder ceux qui y sont établis, vu les frais qui doivent en résulter, de l’achat des terres qu’ils ont défrichées et des améliorations qu’ils y ont faites, à moins que l’on en puisse effectuer les achats par des octrois proportionnés, d’autres terres incultes de la couronne, dans d’autres endroits. Je dois donc, me restreindre à vous requérir de ne faire pour l’avenir aucun octroi dans ces districts, et de faire tous vos efforts pour induire ceux qui ont reçu des octrois de terre dans ces endroits, et qui n’ont pis encore procédé au défrichement, d’accepter des terres dans d’autres districts plus éloignés de la frontière des États-Unis. Dans quelques cas où les terres ont été accordées depuis longtemps, elles doivent, je suppose, d’après les conditions de l’octroi, être reprises par la couronne ; et dans ces cas vous ne pouvez avoir aucune difficulté à empêcher l’établissement : et la convenance de faire d’autres octrois de terres, à la place de celles qui auront été reprises, devra dépendre des circonstances particulières de chaque cas en particulier.

    Il est aussi beaucoup à désirer, que, en autant qu’il sera en votre pouvoir de le faire, vous empêchiez l’ouverture de chemins sur les districts en question, au de-là des limites de cette division de la province, à laquelle il est référé dans le plan de l’arpenteur-général, qui est généralement cultivé et s’il se présente quelques moyens de laisser se détruire les chemins qui ont été faits, vous rencontrerez les vues du gouvernement de Sa Majesté, et vous contribuerez grandement à la sûreté future de la province, en les adoptant.

    J’ai l’honneur d’être, etc. etc.
    (Signé) BATHURST.
    Lieutenart-Général, Sir John F. Sherbrook, etc. etc.