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de ne donner aucun encouragement à l’émigration du peuple conquérant, et, sans essayer aucun changement dans les éléments de la société, d’incorporer simplement la province sous l’autorité générale dit gouvernement central. Le second est de traiter le pays conquis comme un pays ouvert aux vainqueurs, d’encourager leur émigration, de regarder la race conquise comme entièrement subordonnée et de s’efforcer aussi promptement que possible d’assimiler le caractère et les institutions des nouveaux sujets à ceux de la grande masse de l’empire. Dans le cas d’un vieux pays depuis longtemps établi, où les terres ont leurs propriétaires, où il reste peu de place pour la colonisation, et où la race des possesseurs actuels doit continuer à constituer la masse de la population future de la province, la politique aussi bien que l’humanité rend le bien être du peuple conquis l’objet du premier soin d’un gouvernement juste, et commande l’adoption du premier système ; mais dans un nouveau pays, non encore établi, un législateur prudent doit regarder comme son premier objet les intérêts non seulement de quelques individus qui se trouvent dans le moment à habiter une partie du sol, mais ceux de cette population comparativement grande qui doit s’y établir ; ainsi qu’on peut raisonnablement espérer ; il formerait ses plans dans la vue d’attirer et de maintenir cette population future, et il établirait en conséquence les institutions qui seraient les plus acceptables à cette race qui doit coloniser la contrée. Le système que j’ai décrit comme le plus convenable à un ancien pays déjà établi, aurait été impossible sur le continent américain, à moins que l’état conquérant ne voulût renoncer à l’occupation immédiate des terres incultes de la province ; et dans ce cas un tel moyen n’aurait pas été convenable, à moins que le gouvernement britannique ne fût préparé à abandonner à la population éparse des Français qui se trouvaient dans le Bas-Canada, non seulement la possession de cette vaste étendue de sol fertile que contient cette province, mais aussi l’embouchure du Saint-Laurent et toutes les facilités pour le commerce que commande l’entrée de ce grand fleuve.

Dans les premiers règlements adoptés par le gouvernement anglais pour l’établissement des Canadas, dans la proclamation de 1763, et dans la commission du gouverneur en chef de la province de Québec, dans les offres par lesquelles les officiers et soldats de l’armée anglaise et les colons des autres provinces de l’Amérique du Nord furent tentés d’accepter des concessions de terre dans les Canadas, nous apercevons des signes très-clairs d’une intention d’adopter le second et le plus sage des