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Ç’a été une malheureuse conséquence du système que je viens de décrire, qu’il déchargeait les chefs populaires de toutes les responsabilités de l’opposition. Un membre de l’opposition en ce pays agit et parle avec la possibilité de devenir ministre constamment devant les yeux, et il sent en conséquence la nécessité de ne proposer aucune marche, et de n’émettre aucun principe, sur lequel il ne serait pas préparé à conduire le Gouvernement, s’il lui était offert immédiatement. Mais le démagogue Colonial enchérit bien haut pour la popularité sans la crainte de se trouver exposé par la suite. Exclu sans espérance du pouvoir, il exprime les idées les plus folles, et en appelle aux plus funestes passions du peuple, sans aucune crainte de voir dans l’avenir mettre à l’épreuve sa sincérité ou sa prudence, en étant mis en position de donner effet à ses vues ; et ainsi les premières places dans les rangs de l’opposition sont occupées pour la plupart par des hommes à passions fortes, et de talents purement déclamatoires, qui pensent bien peu à réformer les abus qui leur servent de sujets pour exciter le mécontentement.

La collision avec le Gouvernement Exécutif en amena une nécessairement avec le Conseil Législatif. La composition de ce corps, qui a été le sujet de tant de discussions ici et dans la Colonie, était certainement, il faut l’admettre, de nature à ne lui donner aucun poids auprès du peuple, ou du corps représentatif, auquel il était destiné à servir de contrepoids. Le majorité fut toujours composée de membres du parti qui conduisait le Gouvernement Exécutif ; les Greffiers de chaque Conseil étaient membres de l’autre ; et de fait, le Conseil Législatif n’était guère en pratique qu’un veto entre les mains des fonctionnaires publics sur tous les actes de la branche populaire de la Législature dans laquelle ils furent toujours en minorité. Ils usèrent de ce vote sans trop de scrupule. Je suis loin de concourir à la censure que l’Assemblée et ses approbateurs ont essayé de jeter sur les actes du Conseil Législatif. Je n’ai aucune hésitation à dire que plusieurs des bills qu’il est le plus fortement blâmé d’avoir rejetés, étaient des bills qu’il ne pouvait passer sans manquer à son devoir envers la constitution, la connexion avec la Grande-Bretagne et toute la population anglaise de la Colonie. S’il y a de la censure à passer sur sa conduite générale, c’est pour s’être bornés aux devoirs purement négatifs et défensifs d’un corps législatif ; pour s’être trop fréquemment contenté de faire simplement avorter des méthodes blâmables d’obtenir des fins désirables, sans compléter son devoir en proposant des mesures qui auraient procuré le bien qu’on avait en vue, sans mélange d’aucun mal. Les animosités nationales dont respirait la législation de l’Assemblée, et son manque total de capacité législative ou de respect pour les principes constitutionnels, rendaient presque tous ses bills sujets aux objections faites par le Conseil Législatif ; et les maux sérieux que leur passation auraient occasionnés, me