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but sera de signaler les principales causes auxquelles une observation générale de la Province m’induit a attribuer les derniers troubles ; cette tâche sera même remplie avec plus de facilité et de brièveté, en autant que les explications et les preuves ne sont pas nécessaires, vu que je puis référer aux détails que j’ai donnés et aux principes que j’ai posés, en parlant des institutions de la Province du Bas-Canada.

Il parait d’abord beaucoup plus difficile de se former une idée juste de l’état du Haut que du Bas-Canada. La ligne visible de démarcation qui divise les partis par leur caractère distinctif de race, n’existe heureusement pas dans le Haut-Canada. La querelle est entre une population Anglaise, sinon Britannique. Comme toutes les querelles de cette nature, elle a créé non seulement deux, mais plusieurs partis, chacun desquels vise à quelques-uns des objets auxquels un autre parti opposé vise pareillement. Ils diffèrent sur un point et s’accordent sur un autre ; les sections qui s’unissent un jour, s’opposent fortement le jour suivant ; et le parti même qui agit contre un ennemi politique commun, est de fait composé de diverses nuances qui visent à des objets tout-à-fait différents et incompatibles. Il est bien difficile de connaître par les aveux des partis, le vrai objet de leurs efforts, et encore moins facile de découvrir aucune raison assez importante qui expliquerait la réunion de la masse du peuple, pour renverser, par des moyens puissants, la forme existante du gouvernement.

Le position particulière géographique de la Province augmente considérablement la difficulté de pouvoir obtenir des infirmations certaines. Ses habitants épars sur une frontière étendue, avec, des moyens difficiles de communication, et un commerce peu étendu, n’ont, en apparence, aucune unité d’intérêts ou d’opinions. Il n’y a aucun grand centre dans la Province, avec lequel tous les partis sont liés, et qu’ils sont dans l’habitude de suivre soit en opinion ou en action. Il n’existe pas non plus de ces relations habituelles entre les habitants des différences parties de la Province, qui en répandant parmi tous cette connaissance des opinions et des intérêts de chacun, rendraient le peuple uni, malgré l’étendue du territoire et l’isolement de la population. Au lieu de ceci, il existe plusieurs petits centres locaux, dont les sentiments et les intérêts (ou au moins ce que l’on considère comme tels) sont distincts et peut-être opposés. Il m’a été dit, par des personnes intelligentes d’Angleterre, qui ont voyagé par affaires dans la Province, que cet isolement des districts, les uns des autres, se faisait sensiblement sentir dans les efforts que l’on faisait quelque fois dans un district pour obtenir des informations relativement au caractère agricole et natio-