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ce n’est point là la plus grande cause de la difficulté. Le revenu actuel du Haut-Canada étant insuffisant à payer ses dépenses le seul moyen qui reste à cette province de payer les intérêts de sa dette est d’élever le tarif des douanes.

Mais comme les droits sont perçus presque tous dans le Bas-Canada, cette opération ne peut se faire sans élever en même temps le tarif pour les habitants de cette dernière province, qui a déjà un excédant de revenu. C’était pour ajuster ces sujets de difficultés que l’union des deux Canadas fut proposée en 1822, et le même sentiment produit aujourd’hui une grande anxiété par rapport à cette mesure parmi un certain nombre des colons du Haut-Canada. Un revenu considérable est perçu dans toute cette province par l’établissement du bureau des postes qui est commun à toutes et qui est subordonné au bureau général des postes en Angleterre. L’excédant du revenu qu’un rapport de la Chambre d’Assemblée a montré ne se monter à pas moins de £10 000 par année, est transmis en Angleterre. L’assemblée en a fait un sujet de plaintes graves, fondées sur ce qu’une institution publique et importante des Colonies fût entièrement réglée et administrée par les employés et les subalternes d’un bureau public en Angleterre, et qu’un revenu aussi considérable, prélevé sans le consentement des colons d’une manière qui souffre beaucoup d’objections, fût ainsi transmis à la mère-patrie. Je ne puis qu’avouer qu’il y a beaucoup de justice dans la plainte, et je suis fortement d’opinion que si l’on adopte aucun plan de gouvernement fédératif pour ces provinces, on devrait donner à la colonie le contrôle et le revenu du bureau des postes pour les raisons que je viens d’expliquer. Il y a à peine dans le Bas-Canada l’apparence d’aucune taxe directe pour des objets généraux et locaux. On a beaucoup parlé de cette exemption de taxes comme un grand privilège en faveur du Bas-Canada, et comme une grande preuve de la justice et de la bienveillance de son gouvernement. La description que j’ai faite des dispositions singulièrement défectueuses relatives à l’exécution des devoirs les plus importants du gouvernement local et général, fera voir je pense, que cette épargne apparente des deniers du peuple n’a été occasionnée que par la privation dans laquelle il a vécu de plusieurs institutions dont toutes sociétés civilisées devraient jouir. On ne peut à peine louer un peuple d’avoir obtenu à petits frais une administration de la justice grossière et imparfaite, un fantôme de police, nul système public d’éducation, nul éclairage, nul amélioration pour les villes, et des moyens de communication si imparfaits que la perte du temps, la détérioration causée aux voitures dans les transports des denrées aux marchés, coûtent probablement dix fois plus que la confection de bons chemins. Si les habitants du Bas-Canada avaient été soumis ou accoutumés à se soumettre à un système plus onéreux de taxes, ils seraient probablement aujourd’hui un peuple plus riche, mieux gouverné, plus civilisé et plus content.

Les informations que j’ai à donner sur l’état actuel du Haut-Canada, n’ayant pas été acquises dans le cours de mon administration de cette province, seront nécessairement moins amples et moins détaillées que celles que j’ai soumises à votre Majesté relativement au Bas-Canada. Mon