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gea dans cette lutte avec la détermination d’employer toute son influence, afin d’arriver à son but. Il réussit, dans le fait, à présenter les choses sous un tel point de vue, qu’une grande partie du peuple s’imagina que l’on en appelait à lui pour décider par ses votes la question d’une séparation d’avec la Grande-Bretagne. La dissolution que sir Francis hasarda, lorsqu’il crut l’opinion publique suffisamment préparée, répondit pleinement à ses espérances. Les Bretons, en particulier, furent soulevés par le danger proclamé de perdre leur connexion avec la mère-patrie ; ils furent indignée de la conduite et des discours de certains membres de la ci-devant majorité qui leur paraissaient indiquer une préférence déterminée en faveur des institutions Américaines sur les Britanniques. Ils furent irrités de l’opposition apparente à l’émigration Britannique, qu’ils crurent apercevoir dans quelques procédés récents de l’assemblée. Par dessus tout, non seulement eux, mais un grand nombre d’autres, considéraient avec envie les travaux étonnants qui produisaient leurs effets dans presque tout cet accroissement merveilleux de richesse et de population de l’état voisin de New-York ; et ils reprochaient à l’assemblée ce qu’ils considéraient comme une économie mal avisée de s’opposer à l’entreprise ou à l’achèvement de semblables travaux qui auraient produit, comme ils le croyaient, un semblable développement des ressources du Haut-Canada. Le support général des Bretons fit terminer les élections en faveur du gouvernement ; et quoique de grandes minorités, en faveur des candidats malheureux, montrèrent la force que le parti de la réforme pouvait amener, même en dépit des désavantages sous lesquels il se trouvait alors, en conséquence des préjugés momentanés excités contre lui, et la manière extraordinaire avec laquelle la couronne, par son représentant, parut prendre part dans des contestations d’élections, le résultat fut l’élection d’une grande majorité de personnes opposées à la politique de la dernière Chambre d’Assemblée.

Et il est cependant surprenant que le but que Sir Francis Head paraît avoir eu en vue, ne fut pas atteint par ce triomphe apparent. Son objet dans toutes ses mesures antérieures, et dans la nomination de ses conseillers exécutifs, par lesquels il remplaça ceux qui s’étaient retirés, fut évidemment de créer, au moyen du conseil, un gouvernement représentatif indépendant.

Sir Francis Head paraît vraiment avoir désiré, au commencement de son administration, d’effectuer certaines réformes qu’il croyait être nécessaires ; il voulait arracher le pouvoir substantiel du gouvernement des mains du parti qui l’avait pendant si longtemps monopolisé. La démission des anciens conseillers exécutifs est la preuve de cette intention : mais tout désireux qu’il fût de prendre les mo-