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des droits politiques, quelque contrôle sur l’administration des affaires. Mais le grand objet universel était et est encore la disparition de ces incapacités auxquelles les émigrés Anglais sont sujets, de manière qu’ils pussent se trouver citoyens, au lieu d’aubains, dans la terre de leur adoption.

Tel était l’état des partis lorsque Sir F. Head, en prenant les rênes du gouvernement de la colonie, démit du conseil exécutif quelques-uns des membres qui étaient les plus opposés à la Chambre d’Assemblée, et requit trois individus de leur succéder. Deux de ces Messieurs, le Dr. Rolph et M. R. Baldwin étaient en connexion avec le parti réformiste, et le troisième, M. Dunn, était un Anglais, qui avait rempli la place de Receveur-Général pendant quatorze ans, et jusqu’à ce temps s’était abstenu de se mêler de politique. Ces Messieurs firent d’abord quelque difficulté à prendre cette charge, parce qu’ils craignaient que, comme il restait encore trois anciens conseillers, ils soutiendraient constamment une lutte douteuse pour les mesures qu’ils considéraient nécessaires. Ils furent cependant induits à la fin, à surmonter leurs scrupules, sur les représentations de leurs amis, qu’avec un gouverneur qui paraissait sincère dans ses promesses de réformes, et qui leur promettait une pleine confiance, il n’était ni généreux ni prudent d’insister sur un refus qui pourrait être pris comme un soupçon de sa sincérité : en conséquence ils acceptèrent la charge. Un des premiers actes du gouverneur, après cette organisation de son Conseil, fut la nomination à quelques emplois vacants d’individus, qui furent choisis parmi l’ancien parti officiel, et ceci sans avoir pris l’avis de son Conseil. Ces nominations furent attaquées par la Chambre d’Assemblée, et le nouveau Conseil, qui n’avait pas été consulté sur ces nominations non plus que sur d’autres sujets, s’apercevant qu’on le tenait dans l’ignorance de toutes les mesures publiques, tandis qu’on attribuait ces mesures à ses avis, représenta privément le sujet au gouverneur. Sir Francis Head le requit de lui faire une représentation régulière à ce sujet ; ce qu’ayant fait, ils reçurent une réponse telle, qu’il ne leur resta aucune alternative que celle de résigner. Les raisons qui amenèrent cette résignation, furent le sujet de communications entre le gouverneur et l’Assemblée, et tout le pays fut informé des causes de cette difficulté.

La lutte qui parut être ainsi commencée sur la question de la responsabilité du Conseil Exécutif fut réellement décidée sur des raisons bien différentes. Sir F. Head qui parait avoir pensé que le maintien de la connexion avec la Grande-Bretagne dépendait de son triomphe sur la majorité de la Chambre d’Assemblée, s’enga-