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FRANCO

•’RANCO-ALLEMANDE

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FRANCO ou FRANCHI (Giuseppe), peintre romain , surnomme de 1 Monti ou dalle Lodole (des alouettes), parce qu’il peignait souvent une alouette dans un coin de ses tableaux. On sait seulement qu’il travaillait à Rome sous le pontificat de Sixte-Quint, et qu’il mourut au temps d’Urbain VIII, vers 1630.

FRANCO Bolognese, miniaturiste italien, qui vivait à la fin du xin 8 siècle et ’dans les premières années du xiv e . Dante le nomme dans son Purgatoire (CXI, 79), à côté d’Oderisio, et le commentateur Vellutello, qui vivait au xvi° siècle, le présente comme l’élève de ce dernier. Malvasia prétend sans preuves que Franco fonda dans sa ville natale une école dont seraient sortis Vitale, Lorenzo, Simone deCrocifissi et Jacopo degli Avanzi. Parmi les miniatures de cet artiste que Vasari avait vues à Rome et Lanzi dans la collection Malvizzi, une seule est conservée aujourd’hui clans la galerie du prince Ercolani, à Bologne : c’est une Vierge sur un trône, qui porte la mention : Franco Bol. f’ece 131 2. D’ailleurs, la ligure est repeinte et la signature peut-être ajoutée.

Bibl. : Malvasia, Felsina pitlrice ; Bologne, 11178, 1. 1.

— Lanzi, Storia délia pitlura italiana, 1. 1117 — Crowe et Cavalcaselle, Storia délia pittura in Italia, 1885, t. IV FRANCO-ALLEMANDE (Guerre). La guerre francoallemande de 1870-71 a été l’événement capital de la politique européenne dans la seconde moitié du xix e siècle. Ce fut à la fois la dernière des guerres entreprises par la Prusse pour unifier l’Allemagne à son profit et la dernière des guerres entreprises par Napoléon III pour s’assurer l’hégémonie de l’Europe et consolider sa dynastie. Elle eut pour résultat la constitution d’un nouvel empire d’Allemagne héréditaire dans la famille des rois de Prusse, la chute de Napoléon 111, l’annexion à l’Allemagne de l’Alsace-Lorraine arrachée à la France contre la volonté de ses habitants, l’établissement en Europe de la prépondérance militaire de l’Allemagne pour une vingtaine d’années. Les causes de la guerre. —Situation de l’Europe. — Les origines de la guerre franco-allemande remontent a 1866 ; elle a été déterminée par les plans d’organisation européenne de Napoléon III d’une part, par les tendances unitaires allemandes d’autre part. L’accord qui semblait exister d’abord entre eux sur le terrain de la politique des nationalités ne put se maintenir, et le conflit fut résolu par la force des armes. L’empereur des Français était un idéologue. « De grands Etats industriels unis par la communauté des intérêts, liés par des traités de commerce, se consacrant à développer la richesse publique et le bienêtre des individus, se contenant les uns les autres et balançant leurs forces respectives, tel paraissait être l’idéal diplomatique de Napoléon III. Le suffrage universel, l’organisation des nationalités, la liberté commerciale, l’amélioration sociale de l’humanité lui semblaient être desconcessions suffisantes à l’esprit de la Révolution ; il se serait établi en Europe, sous le nom de congrès, de grandes assises périodiques auxquelles la France aurait présidé. Les expositions universelles eussent été, dans ce monde nouveau, la forme tangible du « progrès ».(les grands résultats, Napoléon III espérait les atteindre sans exposer l’Europe à de trop rudes convulsions : le Piémont aurait eu l’Italie, l’Autriche des morceaux de l’empire turc, la Russie les Slaves, la Prusse l’Allemagne, la France les races latines et l’Angleterre le libre-échange. Napoléon III se forgeait ainsi un système de paix perpétuelle ; il n’aimait point la guerre, la vue du sang lui répugnait. Lorsqu’il dit à Rordeaux : « l’Empire, c’est la paix », il ne croyait pas faire un sophisme ; il exprimait, sur une maxime trop absolue, la conception chimérique qui le perdit. C’était une chimère, en effet, et la plus décevante qui se pût imaginer. Napoléon III pouvait difficilement accomplir ses desseins mystiques sans augmenter la puissance matérielle de la France. Au moment où il créerait autour d’elle de grands Etats, il se croirait tenu de lui assurer une position plus forte et plus indépendante. Il lui fallait des compensations territoriales, et c’est ici que tous ces principes se retournaient contre lui. S’il cherchait ces compensations sur le Rhin, il se heurtait au principe des nationalités ; s’il les cherchait en Suisse ou en Belgique, il se heurtait à la volonté de populations qui avaient un sentiment très vif de leur autonomie et auxquelles le gouvernement de l’Empire ne convenait point. Enfin, dans l’état de l’Europe, ces vastes opérations politiques étaient impossibles sans la guerre, et la guerre était la négation du système économique sur lequel Napoléon RI fondait tous ces plans d’avenir. » Il n’en poursuivit pas moins ces chimères contradictoires. Il lit l’unité de l’Italie, sans avoir l’énergie d’imposer son plan d’une confédération, à la fois plus conforme au tempérament italien et aux intérêts de la France. Il laissa faire l’unité allemande par un organisme militaire, sans obtenir aucune des compensations nécessaires pour en atténuer le danger.

L’entrevue qu’eut avec lui à Biarritz le prince de Bismarck (oct. 1865) eut une grande importance. L’alliance italo-prussienne (8 avr. 1866) fut décisive. La direction de la politique internationale échappa à Napoléon III ; Bismarck le leurra de promesses, de cessions territoriales, soit aux dépens de la Suisse française ou de la Belgique, soit du pays entre Moselle et Rhin. Rien ne fut signé ; après le coup de foudre de Sadowa, la Prusse exclut l’Autriche de l’Allemagne, annexa le Hanovre, la Hesse électorale, Nassau, Francfort, se subordonna l’Allemagne du Nord. Le gouvernement français éprouvait un échec et se sentait amoindri. Il voulut se relever et la fut la cause originelle de la guerre de 1870. De son coté, la Prusse désirait achever l’unification de l’Allemagne et mettre la main sur l’Allemagne du Sud, complètement détachée pour le moment. Par d’habiles négociations dilatoires, Bismarck fit accepter les annexions prussiennes, puis abandonner la politique des compensations. Il fut question d’abord d’un traité garantissant à la France le Luxembourg, et éventuellement la Belgique, à la Prusse l’extension de sa suprématie au S. du Main. Mais la Prusse s’était assuré l’alliance de la Russie et cessa les négociations avec la France. Elle s’entendit directement avec les Etats de l’Allemagne du Sud, en leur faisant savoir que la France avait offert de les sacrifier, et conclut avec eux des conventions secrètes de garantie territoriale et de coopération militaire. La défaite diplomatique de Napoléon III était complète (août 1866). L’année suivante, l’affaire du Luxembourg (V. ce mot) ou la dernière compensation promise lui échappa, souligna son impuissance. Les critiques de Thiers au Corps législatif avivaient la blessure de son amour-propre. Retombé du haut de ses rêves, vieilli, malade, sentant sou prestige, si nécessaire à la durée de son régime, profondément atteint, l’impérial aventurier voulait faire quelque chose, prendre une revanche.

La guerre n’était possible qu’avec des alliances ; mais ou les trouver ? M. de Reust offrit celle de l’Autriche, et les deux souverains s’en entretinrent à Salzbourg, sans la conclure ; de même vis-à-vis de l’Italie à qui il ne se décidait pas à abandonner Rome. Le plus prudent eût été de se résigner franchement aux faits accomplis, d’autant que la position diplomatique de la Prusse était très forte. L’empereur de Russie, neveu du roi Guillaume, l’aimait beaucoup. La Russie n’avait d’autre objectif que de déchirer le traité de Paris, que la France lui avait imposé, sans y avoir nul intérêt positif ; la question polonaise le brouillait avec l’Autriche, et sur ce terrain la Prusse lui avait donné des gages bus de l’insurrection. En juin 1870, l’empereur Alexandre et le roi Guillaume se virent à Ems el scellèrent leur accord. Mais la Russie n’eûl jamais soutenu la Prusse dans une guerre d’agression. Or, la situation en 1870 était très nette ; la Prusse avait le plus grand intérêt à une guerre contre la France, mais il fallait que cette guerre îui fût déclarée. En revanche, la France n’avait que peu d’intérêt à la guerre, ayant peu de chose à gagner et beaucoup à perdre.