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Page:Lamirault - La Grande encyclopédie, inventaire raisonné des sciences, des lettres et des arts, tome 19.djvu/467

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GROS

de ses dernières œuvres. Le talent de Le Gros n’est pas contestable : l’expression vivante de ses figures, l’art avec, lequel il a fouillé les draperies, et principalement la hardiesse et l’habileté avec laquelle il a taillé le marbre, ont conservé son nom à la postérité. Mais ses figures sont souvent exagérées et d’un maniérisme de mauvais goût : il sacrifie trop au mouvement.

GROS ([.-Toussaint), poète provençal, né à Marseille en 1698, mort à Lyon en 1748. Il fit ses études à Marseille, au collège d<’ l’Oratoire, et commença par écrire des poèmes français ; mais il abandonna bientôt cette langue pour revenir au provençal. Protégé par la marquise de Simiane, dont le mari était gouverneur militaire de Marseille, il vint à Paris et y obtint un emploi administratif qui le mil à l’abri de l’indigence. Il se livra dès lors sans inquiétude à son goût pour la poésie et composa des tables, des idylles, des chansons, des odes, dans sa langue maternelle. Il puise son inspiration à la fois dans les livres sacrés et les modèles grecs, et ses œuvres se distinguent surtout par la grâce et par la sincérité de l’accent. Elles ont été publiées en 1841 sous ce titre : Œuvres complètes de F. Gros, suivies de morceaux choisis </<■ quelques poètes provençaux (1841).

GROS (Jean-Louis, baron), général français, né à Carcassonne le 3 mai 17(j7, mort à Paris le 10 mai 1824. Soldat aux chasseurs à pied des Cévennes le 6 oct. 1785, sergent le "20 mars 1787, Gros se retira avec son congé le 1 er sept. 1789. Deux ans après, lors de la formalion des premiers bataillons de volontaires, il s’enrôla au *2 e bataillon de l’Aude et y fut élu lieutenant (10 nov. 1791). Après avoir servi de 1792 a 1794 à l’armée des Pyrénées-Orientales et obtenu le grade de capitaine (10 avr. 1793), il passa à l’armée d’Italie, y devint chef de bataillon (sept. 1793), fit les campagnes de 1795 et 1797 sous les ordres de Bonaparte, puis fut envoyé à l’armée d’Angleterre sur les côtes de l’Océan (1798). De là il rejoignit l’armée du Danube sous Moreau et prit le commandement de la 4 e demibrigade avec laquelle il se conduisit brillamment à la bataille de Biberach (9 mai 1800). Après la paix de Lunéville, il fut appelé à faire partie de la garde consulaire comme major des chasseurs à pied. En 1 804, il passa avec ce grade dans la garde impériale, corps qu’il ne devait plus quitter. La campagne de 1805 en Autriche lui valut le rang de major-colonel des chasseurs (18 déc. 1803), celle de Prusse et de Pologne les étoiles de général de brigade (9 juil. 1807). En 1810, Gros partit pour l’Espagne et y servit jusqu’au milieu de 1811, époque ou il revint en France [Kiur prendre part à l’expédition de Russie avec la division de vieille garde. Les fatigues de cette nouvelle campagne l’obligèrent à renoncer au service lors de son retour en France (17 janv. 1813). Rappelé à l’activité le 10 avr. suivant, comme adjudant général de la garde, il suivit la grande armée en Saxe, se distingua à Dresde et à Leipzig, fut blessé à ces deux affaires, mais n’en resta pas moins à la tête de ses troupes jusqu’au moment où l’armée repassa le Rhin. Ace moment, épuisé et malade, il dut de nouveau rentrer dans ses foyers et fut admis définitivement à la retraite le 1 er août 1815. Ch. Grandjean. GROS (Antoine-Jean, baron), peintre français, né à Paris le 16 mars 1771, mort à Meudon le "25 juin 1835. Fils d’un obscur peintre en miniatures, Antoine-Jean Gros montra de bonne heure des dispositions très vives pour les beaux-arts. A l’âge de seize ans, en 1787, son père le fit entrer dans l’atelier que venait d’ouvrir David. Le réformateur de l’école française s’intéressa particulièrement à son élève, très laborieux, et quand il jugea qu’il ne pouvait plus rien lui apprendre, il n’hésita pas à demander à la Convention un passeport, en faisant du jeune Gros un éloge public. A Gênes, une dame, la femme de l’agent diplomatique français, pour qui il avait une recommandation, le présenta à M me Bonaparte qui allait rejoindre son mari à Milan. Joséphine l’emmena avec elle et l’introduisit elle-même auprès du général en chef de l’armée d’Italie, qui lui fit un cordial accueil et l’admit dans son état-major, dans une position équivalente à celle d’un officier. Gros, entre deux reconnaissances, fait di’s petits portraits des personnages au milieu desquels il vit, entre autres celui de Masséna, fort réussi. La bataille d’Aréole, livrée le 15 nov. 1796, lui fournit l’occasion de sa première œuvre militaire par un portrait de Bonaparte représenté au moment ou il se précipite sur le pont, un drapeau à la main. Flatté de cette délicate attention, et après avoir ordonné la gravure de la composition par Longhi, le général prend le jeune peintre en affection et le nomme inspecteur aux revues, afin qu’il puisse suivre plus aisément la campagne et le fait entrer dans la commission chargée du choix des œuvres d’art destinées à la galerie du Louvre. Le général Desolles désire posséder un tableau de l’artiste en faveur qui peint pour lui : Sapho à Leucate, et le général Berlhier lui commande son portrait. En 1801 , un arrêté des consuls met au concours un tableau représentant le combat de Nazareth, oii Junot, à la tète de 500 hommes, bat une armée de 6,000 Turcs. Gros prend part au concours et remporte le prix ; mais il n’exécuta pas le tableau définitif, Bonaparte lui ayant habilement manifesté le désir qu’il ne travaillât que pour lui. Un jour, le premier consul rencontrait le peintre dans les galeries du Louvre et lui demanda à quoi il travaillait. Très finement, Gros répondit : « J’attends vos ordres ». « Il est question de me faire peindre visitant les pestiférés de Jatl’a, répliqua Bonaparte ; je vous charge du tableau. » Au Salon de 1804 fut exposée l’œuvre qui obtint un immense succès et provoqua des manifestations enthousiastes pour l’artiste et pour le héros de la composition. Immédiatement après, Gros entreprenait la Bataille d’ Aboutir, qui n’obtint pas un succès moindre au Salon de 1806. Au mois de mars 1807, un concours était ouvert pour un tableau, dont le sujet était : Napoléon visitant le champ de bataille d’Eylau ; Gros eut le prix. Le public, et l’empereur admirèrent fort l’œuvre nouvelle. Depuis ce jour, Gros consacra exclusivement son talent vigoureux et sa puissante fécondité à la glorification de l’empereur, dans ces pages superbes et colossales qui ont pour titres : la Reddition de Madrid, le Général Bonaparte haranguant Vannée avant la bataille des Pyramides, l’Entrevue de LL. MM. l’empereur des Français et l’empereur d’Autriche en Moravie, et dans l’esquisse de la Bataille de Wagram. Entre temps, il faisait le portrait des grands dignitaires de la couronne et des membres de la famille impériale : le roi de Westphalie, le roi de Naples, le général Lassalle, le général comte Legrand et son fils, le maréchal de Bellune, le général Fournier, le comte de Lariboisière et son fils, le comte de La Salle, etc., et peignait François I"’ et Charles-Quint visitant les tombeaux de Saint-Denis. En 1812, le ministère de la maison de l’empereur commande à l’artiste la décoration de la coupole du Panthéon qu’il n’exécuta que plus lard, mais non sans en avoir ébauché les esquisses où figurent Napoléon et le roi de Rome. La Restauration ne tient pas Gros en moindre faveur que l’Empire. Au Salon de 1817, le peintre expose un tableau représentant le Boi quittant le château des Tuileries dans la nuit du 19 au °20 mars, et les portraits de Louis X Ylll et de la Duchesse d’ Angoulènie ; au Salon de 1819, la Duchesse d’Angoulême s’ embarquant à Pauillac le 25 avr. 1815. Viennent ensuite aux Salons suivants de nombreux portraits d’hommes et de femmes, David et le roi Saiil. Ariadne recueillie par Bacchus dans l’île de Naxos, l’Amour piqué par une abeille se plaignant ii Vénus. On commande à l’artiste les plafonds de deux salons du musée Chai les X au Louvre. Au mois de nov. 1824, les peintures de la coupole du Panthéon sont découvertes aux applaudissements du public et des artistes. Charles X, en témoignage de sa reconnaissance, conféra au peintre le titre de baron, en lui donnant pour armes : d’or au chef d’azur, chargé d’un ange portant la bander vile France (un des génies de la coupole). Ce travail colossal, qui couvre une superficie de plus de 3,000 pieds carrés, et présentant