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GUICHEN — GIIDK

tenant de vaisseau, était au nombre des victimes de cette troisième journée. Guichen rejoignit l’escadre espagnole de l’amiral Solano, convoyant 12,000 hommes à La Havane (19 juin). Les projets sur la Jamaïque et sur les autres iles anglaises échouèrent faute d’entente des alliés et par suite d’une épidémie. Vers la tin de juin 1781, il partit de Brest à la tète d’une flotte pour rallier à Cadix la flotte espagnole de Cordova. La flotte combinée parvint à jeter le "21 août 10,000 Espagnols, commandés par un général français, le duc de Grillon, sur les plages de Minorque. A la tin de 1781, Guichen, chargé d’escorter avec une flotte de 1 !) vaisseaux de ligne, un immense convoi pour l’Amérique et les iles (10 déc), se laissa surprendre à sa sortie de Brest par l’amiral Kempenfeld, en forces inférieures, qui lui enleva 15 navires marchands. En 1782, Guichen, ayant de nouveau sous ses ordres la flotte de Brest, vint rejoindre encore, sous Cadix, l’amiral espagnol Cordova. Son escadre s’empara le 25 juin de 18 navires anglais, destinés pour Terre-Neuve. La grande flotte francoespagnole se rendit dans la Manche. Malgré les avis de Guichen, le vieil amiral Cordova, commandant en chef, ne consentit pas à l’attaque, et les alliés se séparèrent sans avoir obtenu de résultats sérieux. La paix de 1783 décida Guichen à prendre sa retraite. Ch. Del.

Bibl. : Guérin, Hist. marit. de France, 1851, t. V. GUICHENON (Samuel), érudit et historien français, né à Màcon le 18 août 1607, mort à Bourg le’8 sept. 1664. Grégoire Guichenon, son père, originaire de Châtillon-lès-Dombes, exerçait la médecine à Màcon ; il était protestant. Samuel, après avoir étudié le droit à Annonay et la procédure à Bourg, épousa en 1632 une riche veuve, dont la fortune le dispensa d’exercer sa profession d’avocat et lui permit de travailler à son goût. Il abjura avec éclat la Béforme, fut nommé conseiller du roi, historiographede France, de Savoie et de Dombes, anobli par Louis XIV, fait chevalier de l’Empire et comte palatin. Ses ouvrages, qui sont le fruit de recherches très longues et très approfondies, lui acquirent une réputation générale. Les principaux sont : Episcoporum Bellicensium chronologica séries (1642, in-4) ; Histoire de Bresse et de Bugey (1650, in— fol.) ; Histoire généalogique de la royale maison de Savoie (1660, 3 vol. in— loi.) ; Bibliotheca Sebusiana, seu variarum chartarum, nusquam antea editarum, centurice duœ (1660, in-4). Il a laissé, en outre, beaucoup de manuscrits, conservés à la bibliothèque de la Faculté de médecine de Montpellier, parmi lesquels il faut citer une Histoire de la souveraineté de Dombes et une Histoire de Christine de France, duchesse de Savoie. — Germain, Guichenon religieux de l’ordre de Saint-Augustin, neveu de Samuel, a publié une Histoire de Bresse, abrégée de celle de son oncle (1709, in-8). Lex. Bibl. : Papillon, Bibliothèque des auteurs de Bourgogne ; Dijon, 1745, t. I, in-l’ol. — [P. Allut], Inventaire des titres recueillis par Samuel Guichenon ; Lyon, 1851. GUICHET (Archit.). Terme comprenant les acceptions les plus diverses, telles que : 1° une petite ouverture pratiquée dans une porte ou dans un châssis pour permettre la surveillance de ce qui se passe au dehors ou la distribution de billets de théâtre et de tickets de chemins de fer ; 2° une petite porte pratiquée dans une porte cochère ou à côté d’une porte cochère et réservée au seul passage des piétons ; 3° de larges ouvertures, parfois dépourvues de tout mode de fermeture, ainsi les arcades de proportions bien différentes qui servent à faire communiquer la cour du Carrousel avec la rue de Rivoli et le quai du Louvre. GUICLAN. Coin, du Finistère, arr. de Morlaix, cant. de Taulé, sur un plateau dominant la rive gauche de la Penzé ; 3,382 hab. Minoterie, grains et graines. Buines du château de Penc’hoat ; son enceinte ovale avec deux tours seulement indique une date antérieure au xm e siècle. Grotte de Mentoul. Tombelle.

Bibl. : De Fréminville, Antiquités du Finistère, 1832. GUIDAGE (Mines) (V. Guidonna.ce).

GUIDE. 1. Art militaire. — On désigne sous ce nom le sous-otfcier, le caporal ou le soldat sur lequel une troupe règle sa marche. On a soin d’indiquer en principe de quel côté il se trouve. Dans les mouvements, il faut jeter de temps en temps un coup d’oeil du côté du guide, pour sentir légèrement les coudes de ce côté et ne pas dépasser l’alignement.

En pays étranger, les armées ne peuvent marcher et opérer en toute sécurité uniquement avec les secours de cartes ou de levers topographiques, si exacts et si complets qu’ils soient. Pour conduire les colonnes ou les détachements isolés, il est indispensable de recourir à des guides pris dans le pays et le connaissant bien. Leur choix doit porter sur des hommes intelligents, et particulièrement sur des chasseurs, des gardes champêtres ou forestiers, des braconniers, des bergers, des bûcherons, des charbonniers, etc. Leur nombre doit être proportionné à la nature et aux obstacles du pays où l’on se trouve et aussi à la force de la troupe ; chaque colonne doit avoir le sien. Pour s’assurer de leur bonne foi, il est prudent de les questionner séparément et de les confronter ensuite si leurs renseignements ne concordent pas. L’emploi de l’intimidation n’est pas toujours le meilleur moyen, et il faut le compléter par l’espoir d’une récompense convenable. Quand il n’y a qu’un guide on le fait marcher à la pointe d’avanf-garde, entre deux hommes chargés de le surveiller étroitement, de l’attacher s’il le faut, et au besoin d’user de rigueur. Dans les anciennes armées, on a quelquefois employé, aux xi e et xvii siècles, les cavaliers connus sous le nom de carabins, comme guides et comme escorte des généraux. II. Histoire militaire. — Par guides on désignait une troupe de cavalerie chargée de la garde personnelle de l’empereur sous le premier et sous le second Empire. L’origine de la spécialisation des premiers guides fut une surprise de la campagne d’Italie. Le 16 juin 1796, à Valeggio, le général Bonaparte faillit être enlevé par des cavaliers autrichiens ; il sentit vivement l’utilité de disposer d’un groupe de cavaliers chargés de veiller à la sûreté de sa personne. Cette troupe à laquelle Bonaparte donna le nom de guides, fut organisée par Bessières, alors chef d’escadron. Cet escadron devint le noyau du régiment de chasseurs à cheval de la garde impériale. En 1818, lors de la formation de l’armée des Alpes, il fut organisé un escadron de guides, avec la condition que chacun des hommes incorporés devait parler une langue étrangère. Napoléon III éleva l’effectif de cet escadron à un régiment ; il lui affecta le brillant uniforme des guides du premier Empire et leur donna le titre de guides de l’Impératrice. La condition relative à la science d’une langue étrangère ne fut pas maintenue. Les guides n’ont pas survécu à la guerre de 1870.

III. Droit international. — Celui qui, en temps de guerre, s’offre librement comme guide à l’ennemi, commet envers son pays un acte de haute trahison. Celui, au contraire, qui ne rend cet office à l’ennemi que contraint et forcé, n’est point punissable ; on ne saurait exiger d’un homme qu’il se laisse martyriser ou mettre à mort plutôt que de se soumettre aux autorités militaires ennemies, ni le frapper pour avoir cédé à la force. Celui qui sert de guide aux troupes de son propre pays encourt de la part de l’ennemi la peine des traîtres s’il a offert ses services, encore qu’il ait agi par patriotisme et peut-être rempli un devoir civique ; il n’est pas punissable s’il a obtempéré à une réquisition desdites troupes. Le guide qui égare de propos délibéré celui qu’il conduit peut être puni de mort. Les parlementaires, qui doivent toujours être accompagnés d’un clairon ou d’un tambour et d’un porte-drapeau, peuvent également, s’il y a lieu, l’être d’un guide, qui a droit à la même inviolabilité qu’eux-mêmes. E. Leur. IV. Alpinisme. On donne le nom de guides aux habitants des districts montagneux qui, depuis quo Jacques Balmat mena de Saussure au sommet du mont Blanc le 3 août 1787, font profession de guider les touristes et les