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GUITTONE - GUIZOT

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(1ère, avec la Chronique de Malespina, comme le plus ancien monument de la prose italienne. Elles ont paru à Home en 1743. Ces lettres sont d’un style très rude empreint de mauvais goût : l’auteur y recommande selon les prescriptions de son ordre (fondé pour défendre la paix publique et les opprimés) l’union et la concorde : ses conseils s’adressent tantôt à des particuliers, tantôt à des Etats. Les sonnets amoureux du poète sont la meilleure partie de son œuvre et expliquent sa réputation. «Très supérieur aux fades et froides galanteries des troubadours qu’imitaient servilement ses contemporains, il a donné à ses sentiments une expression naturelle tout à fait nouvelle. Sa dame n’est plus une divinité, mais une personne vivant de notre vie, et l’on trouve dans ses vers des traits assez délicats pour le rapprocher parfois de Pétrarque. Sa langue est aussi beaucoup plus pure que sa prose.

Bibl. : Romanelli, Di Guitlone e délie sue opère ; Cani pobasso, 1875. — Koken, Guiltones von Arezzo Dichlung ; Leipzig, 1886.

GUIVRE (Blas.). Eigure de fantaisie représentant une sorte de serpent tenant dans sa gueule un enfant dont on voit les bras et la tète. La guivre est du genre féminin ; on la dit halissantede... pour indiquer l’émail de l’enfant. Les croix et autres pièces, dont les extrémités se terminent par des guivres, sont dites guivrées. GUIVRY. (’.oui. du dép. de l’Aisne, arr. de Laon, cant. de Chauny ; 387 hab.

GUIZANCOURT. Coin, du dép. de la Somme, arr. d’Amiens, cant. de Poix ; •117 hab.

GUIZENGEARD. Corn, du dép. de la Charente, arr. de Barbezieux, cant. de Brossac ; 386 hab.

GU1ZERIX. Com. du dép. des Hautes-Pyrénées, arr. de Bagnères-de-Bigorre,cant.deCasteInau-Magnoac ; 423 hab. GUIZEY (Egypte) (V. Ghizeh).

GUIZOT(Erançois-Pierre-Guillaume), écrivain et homme d’Etat français, né à Nimes le 4 oct. 1787, mort à Val-Richer (Calvados) le 12 oct. ■1874. Issu d’une vieille famille protestante, élevé dans l’austérité calviniste de Genève, il se rendit, après de fortes études classiques, à Paris, ou il arrivait en 1803, obscur et pauvre, mais déjà dévoré de cette âpre et tenace ambition qui, aidée d’une puissance de travail extraordinaire, d’une rare élévation d’esprit et d’une imperturbable foi dans l’excellence de son jugement, devait le porter si rapidement aux honneurs et le soutenirplustard dans tant de luttes redoutables. Il fréquenta d’abord assidûment les salons littéraires du temps, surtout celui de l’académicien Suard, où il rencontra M lle Pauline de Meulan, qu’il devait plus tard épouser (V. ci-après). A cette époque, Guizot cherchait encore sa voie et s’essayait dans les genres les plus variés. C’est ainsi qu’il publiait dès 1809 son Dictionnaire des synonymes français (2 vol. in-8) et, en 1811, son livre De l’Etat des beaux-arts en France et du Salon de 1810 (in-8). Puis il donnait une édition annotée de la grande Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain par Gibbon, entreprenait d’écrire les Vies des poètes français du xvii e siècle et dirigeait (de 1811 à 1813) tes Annales de l’éducation. Entre temps, il avait épousé (le 9 avr. 1812) M lle de Meulan. Eort peu après, Eontanes, alors grand maître de l’Université, l’appelait comme professeur suppléant à la Sorbonne, où bientôt Guizot, devenu titulaire delà chaire d’histoire moderne, étonna et, on peut le dire, subjugua le grand public par la vigueur et l’originalité de son enseignement. Son dogmatisme et son penchant aux généralisations systématiques et préconçues ne doivent pas faire méconnaître l’esprit vraiment scientifique qu’il apportait dans l’étude et l’interprétation des sources, la profondeur de ses vues et de l’art avec lequel il s’attachait à recomposer, à retracer les institutions et les civilisations disparues. Son cours fut le signal de cette rénovation des études historiques qui a été l’honneur de la Erance au xix e siècle.

Mais la gloire de l’historien ne lui suffisait déjà plus. La politique avait pour lui un invincible attrait. Autoritaire par tempérament, monarchiste par goût, constitutionnel par raison et par ambition, il applaudit en 1814 à la restauration des Bourbons. Royer-CoIIard, son collègue à la Sorbonne, l’ayant recommandé à l’abbé de Montesquiou, ministre de l’intérieur (avr. 1814), ce dernier se l’adjoignit comme secrétaire général. A ce titre, Guizot poussa tout d’abord un peu loin son zèle royaliste. C’est lui, en effet, qui prépara la loi fort peu libérale du 21 oct. 1814 sur la presse et l’ordonnance du 17 févr. 1815, qui semblait ne réorganiser l’Université qu’au profit de ses adversaires. A la même époque, il faisait partie du comité de censure avec l’abbé de Erayssinous. La révolution du 20 mars I’éloigna momentanément des affaires. Il dut retourner à la Sorbonne. Mais, avant la fin des Cent-Jours, il crut devoir aller rejoindre Louis XVIII à Gand. Aussi la seconde restauration lui fut-elle aussi profitable que la première. Barbé-Marbois, nommé garde des sceaux, le fit entrer comme secrétaire général au ministère de la justice. Guizot, à cette époque, n’épargna guère les anciens serviteurs de l’Empire et de la Révolution. Mais l’honnête Barbé-Marbois, que révoltaient les excès de la Terreur blanche, ayant donné sa démission le 10 mai 1816, il crut devoir l’imiter. Il appartenait dès lors à ce petit groupe des doctrinaires qui, aussi étroitement attaché à la dynastie qu’à la charte, prétendait tenir la balance égale entre la gauche et la droite et combattait à la fois le libéralisme, parce qu’il pouvait mener à la démocratie, et le royalisme pur, parce qu’il menaçait la Erance d’un retour à l’ancien régime. Les principes de ce parti furent exposés par lui à cette époque dans un écrit intitulé Du Gouvernement représentatif et de l’état actuel de la France (1816, in-8). Il s’en inspira aussi, la même année, dans son Essai sur l’histoire et l’état actuel de l’instruction publique en France. Nommé maître des requêtes au conseil d’Etat (août 1816), il rédigea un mémoire qui, présenté au roi, le détermina à dissoudre enfin la Chambre introuvable (3 sept.). La politique doctrinaire triomphait. Guizot prit une part importante à l’élaboration de la loi électorale de 1817, devint peu après conseiller d’Etat, contribua puissamment à la préparation de la loi militaire de 1818, puis des lois sur la presse de 1819 et, cette dernière année, fut appelé au ministère de l’intérieur comme directeur général des affaires communales et départementales.

Mais la chute du cabinet Decazes (févr. 1820) l’arrêta de nouveau dans la carrière politique. Renvoyé à sa chaire de Sorbonne, Guizot y retrouva ses premiers succès dans de savantes leçons qui, secrètement inspirées par ses sentiments politiques, donnèrent naissance à un de ses plus beaux livres (Histoire des origines du gouvernement représentatif, 1821-1822, 2vol. in-8). Le passé, du reste, ne lui fit pas négliger le présent. C’est ainsi qu’il lança vers cette époque contre la politique nouvelle du gouvernement plusieurs brochures qui eurent un grand retentissement : Du Gouvernement de la France depuis la Restauration et du ministère actuel (1820, in-8) ; Des Conspirations et de la justice politique (1820, in-8) ; Des Moyens de gouvernement et d’opposition dans l’état actuel de la France (1821, in-8) ; De la Peine de mort en matière politique (1822, in-8).

Le ministère Villèle le punit de cette opposition en fermant son cours à la Sorbonne (12 oct. 1822). La persécution le rendit populaire et surexcita toutes ses ambitions. Jamais Guizot ne produisit davantage que pendant ces années de disgrâce qui furent non seulement les plus fécondes, mais les plus glorieuses de toute sa vie. Sans parler de plusieurs grandes publications littéraires qui ne furent pas sans lui faire honneur (éditions de Shakespeare, de Rollin, chefs-d’œuvre des théâtres étrangers, etc.), il entreprit à cette époque (1823) deux recueils historiques de la plus haute importance : 1° la Collection des mémoires relatifs à la révolution d’Angleterre (26 vol. in-8) ; 2° la Collection des mémoires relatifs à l’histoire de France