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LE PASSANT


Il fait brun. La maison est dans un demi jour.
Un silence pesant règne sur toutes choses.
Une ombre a remué sous les fenêtres closes,
Et l’on entend les pas d’un homme, dans la cour.

Le vieux chien qui dormait, couché près de la table,
Se réveille, soudain, et se met à japper.
L’homme frappe, entre, et dit : « Puis-je avoir à souper ?
Après, je coucherai sur le foin, dans l’étable. »

C’est un passant, un gueux. D’où vient-il ? Où va-t-il ?
Nul ne sait. Son visage est sombre et son œil terne
Semble cacher la haine, et, bientôt, on discerne
La misère et la faim sur son morne profil.