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le christ


C’est le Christ des anciens, celui que les aïeux
Ont placé là, jadis, de leurs mains solennelles,
Et que, plus tard, entrant dans la vie éternelle,
Ils ont baisé, longtemps, en refermant les yeux…

Il est le confident, le vieil ami, le maître,
Que le père et le fils ont prié, tour à tour ;
Antique protecteur de ce calme séjour,
Il tient, aux yeux de tous, la place d’un ancêtre.

Il est l’objet chéri, pieux et consolant,
Auquel le souvenir d’un peuple se rattache ;
Et son corps décharné, la nuit, fait une tache
Blanche, dans la noirceur du foyer somnolent.

Il est de la famille, il tient autant de place
Que la table féconde et que le lit berceur ;
Il emplit de lumière et baigne de douceur
Ce toit, fier gardien des vertus de la race !…

Et, c’est à ses genoux que rayonnants d’espoir,
Et pleins de confiance en l’œuvre terminée,
Les gens de la maison, après l’âpre journée,
Disent, à haute voix, la prière du soir !…